Deux des quatre journalistes de Shabelle Media Network libérés sous caution

Si Reporters sans frontières a appris avec soulagement la mise en liberté provisoire de Abdiimalik Yusuf Mohamud, propriétaire de Shabelle Media Network, et Ahmed Abdi Hassan, rédacteur en chef de Radio Shabelle le 21 octobre, l’organisation demeure extrêmement préoccupée par le sort de Mohamed Bashir Hashi, éditeur de Radio Shabelle et Mohamud Mohamed Dahir, directeur de Sky FM. Ces derniers n’ont pas encore été présentés au juge et sont toujours derrière les barreaux. Les charges contre Abdiimalik Yusuf Mohamud et Ahmed Abdi Hassan ont été réduites à l’ « incitation au crime » et l’ « incitation à désobéir à la loi ». Les journalistes toujours emprisonnés, quant à eux, restent en outre accusés d’ « incitation publique », de « publication ou dissémination d’informations fausses, exagérées ou trompeuses susceptibles de troubler l’ordre public », « d’infraction contre l’honneur et le prestige d’un chef d’Etat » et d’ « attaque à l’intégrité, l’indépendance ou l’unité de l’Etat somalien » - cette dernière étant passible de la peine de mort. Reporters sans frontières appelle la justice somalienne à garantir un procès équitable aux quatre journalistes, dans le respect des standards internationaux qui s’appliquent en Somalie et notamment du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. -------------------------------------------------------------------------------------------- 19.08.2014 - Trois journalistes torturés en prison Reporters sans frontières condamne l'arrestation des directeurs de Radio Shabelle et Sky FM le 15 août 2014 ainsi que la fermeture violente de ces deux médias et les allégations de torture contre trois journalistes. Le 15 août au matin, l'Agence nationale de sécurité (ANS) de Somalie a effectué un raid sur les locaux de Sky FM et Radio Shabelle (deux médias appartenant au Shabelle Media Network) durant lequel ils ont arrêté 19 employés de ces deux médias. La plupart d'entre eux ont été relâchés après deux jours de détention. Mais le propriétaire de Shabelle Media Network, Abdiimalik Yusuf Mohamud, le rédacteur en chef de Radio Shabelle, Ahmed Abdi Hassan et Mohamud Mohamed Dahir, directeur de Sky FM, connu sous le pseudonyme de Mohamed Arab, ont été maintenus en détention dans les locaux de l'ANS à Mogadiscio, habituellement utilisés pour la répression du terrorisme. Selon plusieurs témoins, dont des officiers des services de sécurité, les trois hommes ont été soumis à de graves actes de torture. Leurs bourreaux tentaient d'obtenir d'eux des aveux forcés sur leur intention de nuire au gouvernement somalien. "La réaction des autorités est tout à fait disproportionnée. Le recours à la torture contre des journalistes est absolument intolérable et honteux, " déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. "Les autorités somaliennes disposent de moyens légaux qu'elles peuvent utiliser si elles jugent que des propos médiatiques constituent un danger pour la sécurité nationale. Or nous assistons ici à des arrestations arbitraires de masse, des allégations confirmées de torture ainsi qu'une fermeture illégale de deux médias. Nous demandons aux autorités somaliennes de libérer immédiatement les trois hommes de médias détenus et de garantir le respect de leurs droits fondamentaux devant les juridictions du pays." Selon les sources interrogées par RSF, le raid de des services de sécurité contre les deux médias pourrait avoir été déclenché par une émission du 14 août sur Radio Shabelle critiquant une interview donnée par président de la République Hassan Sheikh Mohamud à la chaîne américaine PBS en marge du Sommet Afrique-États-Unis, ou par les commentaires de Sky FM du 15 août sur les combats ayant opposé les forces gouvernementales à des seigneurs de guerre dans Mogadiscio la nuit du 14 au 15. Selon plusieurs sources, les propos tenus sur Sky Fm allaient clairement au-delà de sa mission d'information et appelaient à des réactions violentes. Avec huit journalistes tués depuis 2013 et un harcèlement récurrent contre les médias, la Somalie occupe le 176e rang du Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Pour plus d'information sur Radio Shabelle. (Photo: soldat somalien en patrouille, Mohamed Abdiwahab/ AFP)
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Updated on 20.01.2016