Des organisations internationales de défense de la liberté de la presse demandent la réouverture de l’enquête sur l’assassinat de la journaliste mexicaine Regina Martínez

A la suite d’une nouvelle investigation faisant état de fortes présomptions d’obstructions à la justice dans l’affaire de l’assassinat de la journaliste mexicaine Regina Martínez, Reporters sans frontières (RSF) et les organisations Free Press Unlimited (FPU), et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appellent les autorités fédérales mexicaines à rouvrir le dossier et à présenter les responsables devant la justice.

La journaliste Regina Martínez a été retrouvée morte en 2012 dans l’Etat mexicain de Veracruz, alors au centre des innombrables guerres que se livraient les cartels de la drogue. L’enquête ouverte par le bureau du procureur de l’Etat de Veracruz avait mené à l’arrestation et à la condamnation d’un suspect.


Or le rapport d’investigation intitulé « The Murder of Regina Martínez Pérez: an Opportunity for Justice » (« L’assassinat de Regina Martínez Pérez : une opportunité pour la justice »), que vient de publier FPU, RSF et le CPJ, rend compte d’une série de graves anomalies dans l’enquête officielle menée par les autorités de Veracruz. Le rapport révèle notamment que le suspect principal de l’assassinat a été condamné sur la base d’aveux obtenus sous la torture. En outre, il inclut plusieurs déclarations de témoins contredisant la version officielle du crime. Enfin, toujours selon le rapport, la journaliste aurait été tuée en raison d’une publication portant sur une affaire politique.

 

En conclusion, le rapport indique que l’enquête sur l’assassinat de Regina Martínez a été compromise au niveau de l’Etat. Il fait état de fortes présomptions d’obstructions à la justice de la part d’enquêteurs placés sous l’égide du Procureur général de l’Etat de Veracruz.

 

Compte tenu de ces éléments, les organisations de défense de la liberté de la presse appellent le Procureur spécial à l’attention des crimes commis contre la liberté d’expression du Mexique (FEADLE) à prendre en charge la juridiction de l’affaire Regina Martínez afin de faire progresser l’enquête.


« Regina Martínez était une journaliste courageuse, qui a été assassinée pour avoir dit la vérité, déplore le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Toute la lumière doit être faite sur cet acte et justice doit être rendue. »


« Tuer un journaliste est l’un des crimes les plus sûrs au monde : dans neuf cas sur dix, l’assassin reste en liberté, déclare le directeur de FPU, Leon Willems. Pour rompre le cycle de l’impunité, les autorités mexicaines doivent réunir leurs efforts pour rendre justice à Regina Martínez. »


« Le Mexique a longtemps été l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les journalistes, souligne le directeur général du CPJ, Joel Simon. Les autorités mexicaines doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à l’impunité et amener ceux qui assassinent des journalistes devant la justice. La réouverture du dossier Regina Martínez est l’un des pas pour s’engager dans cette voie. »

 

Le Mexique demeure le pays le plus dangereux de l’hémisphère occidental pour les journalistes. Selon une étude du CPJ, au moins cinq journalistes ont été tués en relation directe avec leur métier en 2020. Veracruz a longtemps été en tête des Etats mexicains les plus meurtriers pour la presse, avec au moins 21 journalistes tués entre 2011 et 2020.

 

Le rapport d’investigation s’inscrit dans l’initiative A Safer World For The Truth (Un monde plus sûr pour la vérité) lancée par FPU, RSF et le CPJ afin que justice soit rendue pour les journalistes assassinés dans le monde. L’enquête complète ainsi que les recommandations du rapport sont disponibles ici: https://www.saferworldforthetruth.com/investigations.


Le Mexique occupe la 143e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.

Publié le
Mise à jour le 15.06.2021