Des militants attaquent les bureaux de Timor Leste TV

Le 29 juin 2006, près de 40 opposants au gouvernement ont saccagé les bureaux de la principale radio-télévision du Timor Leste, TVTL. Ils ont exigé que les programmes soient suspendus. De peur de nouvelles représailles, la direction a drastiquement limité la diffusion d'informations locales. La chaîne ne diffuse pour l'instant que des émissions portugaises, mais envisage un retour à la normale le 3 juillet. « Cette agression montre que les forces de maintien de la paix n'assurent pas une protection suffisante des professionnels de la presse, alors qu'il est essentiel pour la stabilité du pays que l'information puisse circuler librement. Nous appelons les autorités et les forces étrangères à sécuriser les bâtiments des principaux médias », a déclaré l'organisation. Les agresseurs, qui manifestaient contre le gouvernement en place, ont assailli les bureaux de TVTL et malmené des employés le 29 juin. L'attaque était probablement liée à la diffusion la veille d'un discours prononcé par Mari Alkatiri, Premier ministre démissionnaire et leader du parti Fretilin. Des groupes opposés au gouvernement menacent TVTL depuis plusieurs semaines. La chaîne n'a reçu la protection des forces armées australiennes que le 30 juin, alors que la direction affirme l'avoir demandée depuis cinq semaines. ----------------------- Inquiétante dégradation des conditions de travail pour les journalistes 15.06.2006 Le 12 juin 2006, deux employés du Timor Post, principal quotidien indépendant du pays, ont été agressés par des inconnus devant les bureaux du journal à Dili, la capitale. Le journal avait récemment fait l'objet de menaces de la part de fidèles du Premier ministre. Par ailleurs, un reporter timorais de l'agence américaine Associated Press (AP) a été détenu brièvement par des soldats australiens. “Depuis la mutinerie de militaires opposés au gouvernement, plusieurs journalistes ont été victimes d'agressions, d'interpellations et d'intimidations. Des proches du Premier ministre Mari Alkatiri sont soupçonnés de s'en être pris à des médias indépendants. Nous condamnons ces violences, qui entravent le travail des professionnels de l'information. Nous demandons à la mission des Nations unies chargée d'enquêter sur les récentes violences de prendre en compte dans son champ d'investigation les attaques contre la presse”, a déclaré l'organisation. Le 12 juin, un groupe de jeunes a agressé à coups de pierres deux employés du Timor Post travaillant respectivement dans le marketing et la diffusion. Selon le rédacteur du journal, Carlos de Jesus, ces attaques pourraient être liées aux récents articles critiques à l'encontre du Premier ministre. Le 23 mai, la majorité des employés du Timor Post étaient entrés dans la clandestinité par peur des représailles. La publication de ce journal, ainsi que celle du quotidien Suara Timor Lorosae, avaient été interrompues pendant quelques jours. Le 24 mai, un officier proche du chef du gouvernement s'était rendu dans les locaux du Timor Post pour menacer les journalistes. Par ailleurs, Reporters sans frontières a demandé aux commandants australiens de la force de maintien de la paix de rappeler à leurs troupes que les journalistes timorais et étrangers doivent être libres de leurs mouvements sur le terrain. En effet, le 10 juin, José Belo, correspondant de l'agence de presse AP au Timor, a été malmené par des soldats australiens à Dili. Il a été détenu pendant quatre heures. AP s'est plainte d'un traitement “violent et irrespectueux” de la part des troupes australiennes. José Belo a déclaré à Reporters sans frontières que les soldats australiens ne l'ont jamais informé des motifs de son arrestation. Dans son rapport 2006 sur le Timor Leste, Reporters sans frontières écrivait : "Le gouvernement de Mari Alkatiri, visiblement irrité par l'indépendance des médias, a tenté de faire plier le quotidien privé Suara Timor Lorosae en appelant en février au boycott du journal et en cherchant à expulser la rédaction de ses locaux." "En décembre 2005, le Premier ministre a tenté de faire adopter une réforme du code pénal criminalisant les délits de presse. Les journalistes risqueraient jusqu'à trois ans de prison en cas de diffamation d'un détenteur de l'autorité publique. Un retour en arrière dénoncé par de nombreux journalistes. Ce durcissement est survenu alors que différentes voix s'élevaient pour dénoncer la mauvaise gouvernance du pays."
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Mise à jour le 20.01.2016