Des menaces de mort reçues par l'organisation partenaire de Reporters sans frontières à Kinshasa

Reporters sans frontières exige que toute la lumière soit faite sur les menaces de mort anonymes adressées le 10 décembre 2005 au personnel de Journaliste en danger (JED), son organisation partenaire en République démocratique du Congo (RDC), au lendemain de la publication de son rapport annuel. L'organisation demande notamment à la société de téléphonie Vodacom d'identifier le titulaire du numéro de téléphone ayant émis le SMS de menaces reçu par quatre responsables de l'association et de fournir ces informations à la délégation pour l'Union européenne à Kinshasa. « Ce n'est pas la première fois que les responsables de JED sont les cibles de menaces de mort. Or, aucune enquête sérieuse n'a jamais été menée pour en identifier les auteurs. Après l'odieux assassinat de Franck Ngyke et de son épouse, dont les membres de JED étaient très proches, ce sinistre incident doit être pris au sérieux. Nous appelons l'Union européenne (UE), qui est très impliquée dans le processus de transition, à prendre notre organisation partenaire sous sa protection et à tout mettre en œuvre pour que ses membres puissent retrouver des conditions de travail et de vie sereines », a déclaré Reporters sans frontières. Le 10 décembre entre 16 heures 10 et 16 heures 30, le président de JED, Donat M'Baya Tshimanga, son secrétaire général, Tshivis Tshivuadi, son responsable pour l'Afrique centrale, Charles Mushizi, et sa responsable pour la RDC, Esther Banakayi, ont reçu, sur leur téléphone portable, un message identique. Celui-ci, retranscrit dans sa graphie originale, affirmait : « jed pr qui vs vs prener. vs aller disparait un a un si vs n'annoncer pa publique l'arret de vos activit. vs ave 10 jr apre ns agirons mem sur vos proch; » (« JED, pour qui vous vous prenez ? Vous allez disparaître un à un si vous n'annoncez pas publiquement l'arrêt de vos activités. Vous avez dix jours. Après, nous agirons, même sur vos proches. »). Ce message a été émis depuis le numéro suivant : (243) 811 44 90 03, appartenant à la société Vodacom. Depuis l'émission du message, le numéro ne répond pas. Aussitôt interrogée par JED, la société de téléphonie a expliqué que ce numéro fait partie « de la dernière série de numéros attribués », mais qu'il « n'est pas identifié ». La veille, JED avait publié son huitième rapport annuel sur l'état de la liberté de la presse en Afrique centrale. Largement relayé par la presse nationale et internationale, le document attire l'attention de la communauté internationale sur le mauvais bilan de l'année 2005 en RDC, indiquant notamment que les atteintes à la liberté de la presse avaient augmenté de 63% par rapport à 2004. Il demande également la mise en place d'une commission d'enquête indépendante après l'assassinat du journaliste Franck Ngyke et de son épouse, le 3 novembre à Kinshasa, pour lequel la police privilégie la thèse du crime crapuleux.
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Updated on 20.01.2016