Déclarations forcées du journaliste britannique John Cantlie, otage de l’EIIL, RSF s’indigne

Reporters sans frontières est choquée par la publication de la vidéo, jeudi 18 septembre 2014, par l’Etat islamique d’Irak et du Levant qui met en scène le journaliste britannique John Cantlie, otage depuis novembre 2012.

Cette superposition de la propagande la plus vile et de la barbarie des décapitations fait monter d'un cran l'horreur des prises d'otages, s’indigne Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. En fournissant une vidéo du journaliste britannique John Cantlie parlant sous la menace, après avoir mis en scène les décapitations de James Foley et Steven Sotloff, l'Etat islamique en Irak et au Levant cumule les crimes de guerre et témoigne de son mépris de toute dignité humaine. John Cantlie doit être libéré, comme tous les autres otages”. Une vidéo de trois minutes, publiée le 18 septembre, intitulée “Lend me your ears, Messages de l’otage britannique John Cantlie”, met en scène le journaliste britannique John Cantlie. Ce dernier apparaît seul devant une table en tenue orange, comme les détenus de Guantanamo et comme les autres otages précédemment exécutés et s’adresse à la caméra. “Je suis un journaliste britannique qui a travaillé pour de grands journaux et de grands magazines comme le Sunday Times, le Sun ou le Sunday Telegraph. En novembre 2012, je suis venu en Syrie où j'ai été capturé par l'Etat islamique. Aujourd'hui, près de deux ans après, beaucoup de choses ont changé, y compris l'extension de l'EI. (...) Je sais que vous pensez que je dis ça car je suis forcé de le dire et que j'ai un pistolet sur la tempe et que je suis forcé de le faire. Oui, je suis un prisonnier, je ne peux le nier. Mais, voyant que j'ai été abandonné par mon gouvernement et que mon destin est désormais dans les mains de l'Etat islamique, je n'ai plus rien à perdre”, lit-il face à la caméra. “Peut-être que je vivrai ou que je vais mourir. Mais je veux saisir cette chance pour convoquer des faits que vous pouvez vérifier et qui pourraient préserver quelques vies”, poursuit-il. Tentant d’expliquer comment les médias occidentaux cherchent à convaincre l'opinion de faire la guerre contre l'Etat islamique, le journaliste ajoute : “Dans des épisodes prochains, je vais vous montrer comment les médias occidentaux tentent de plonger l'opinion dans les abysses d'une nouvelle guerre avec l'Etat islamique”. Au regard du droit international, ces déclarations forcées - torture psychologique - peuvent être assimilées à des traitements inhumains et dégradants. John Cantlie avait déjà été enlevé pendant quelques semaines en juillet 2012 dans le nord de la Syrie avec un confrère néerlandais. Blessés lors d'une tentative d'évasion, ils avaient été libérés tous deux par l'Armée syrienne libre. Cette publication, qui annonce une série d’autres vidéos du même genre, intervient après la décapitation des deux journalistes américains, James Foley et Steven Sotloff, et de l'humanitaire britannique David Haines par l’Etat islamique d’Irak et du Levant. La vidéo est également diffusée trois jours après la tenue de la conférence internationale à Paris par la coalition - composée de 27 pays arabes et occidentaux et trois organisations internationales - pour décider d’une intervention en Irak.
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Updated on 20.01.2016