Crise politique en Macédoine : RSF condamne les agressions répétées de journalistes

Alors que la Macédoine traverse une grave crise politique depuis plusieurs semaines, de nombreuses attaques contre des journalistes ont été répertoriées en marge des rassemblements dans la capitale Skopje et dans d’autres villes du pays . Reporters sans Frontières (RSF) condamne ces agressions et demande aux autorités de faire la lumière sur ces violences.

Le contexte d’instabilité politique en Macédoine qui perdure depuis trois mois, entretient un climat défavorable à la liberté de la presse dans le pays. Plusieurs journalistes ont déclaré avoir été victimes de violences de la part de sympathisants du parti nationaliste VMRO-DPMNE en marge de manifestations. Il y a dix jours, le parti, vainqueur des élections législatives en décembre 2016, avait appelé ses supporters à descendre dans la rue pour protester contre l’alliance politique de l'opposition social-démocrate SDSM avec des partis albanais, au motif que cet accord menace l’unité du pays.


Le 28 février 2017, alors qu’ils couvraient un rassemblement contre la formation d’une coalition gouvernementale entre les sociaux-démocrates du SDSM et les partis albanais, deux journalistes de la chaîne de télévision A1, Aleksandar Todevski et Vladimir Zhelchevski, ont été attaqués par cinq manifestants. Victimes de commotions cérébrales, ils ont dû être hospitalisés et leur matériel a été endommagé. Ils n’ont toujours pas pu reprendre leur activité professionnelle.


D’autres journalistes disent avoir été régulièrement la cible d’intimidations et d’insultes filmées et postées sur les réseaux sociaux par les auteurs des faits -de petits groupes d’individus instrumentalisés par le parti VMRO-DPMNE.


Ana Patrusheva de BIRN (Balkan Investigative Reporting Network) raconte que ses données personnelles ont été divulguées sur Twitter, tandis que Borjan Jovanovski, journaliste de Novatv a été la cible d’insultes et de crachats.


L’absence d’issue politique immédiate et la virulence des propos tenus par certains responsables de partis font craindre que les attaques se reproduisent et se banalisent.


Plusieurs responsables politiques européens ont d’ailleurs appelé le président de la République macédonienne Gjorge Ivanov à favoriser une sortie de crise rapide, craignant de voir la stabilité régionale déjà fragile, une nouvelle fois menacée.


Dans ce contexte tendu, RSF appelle tous les acteurs politiques à la retenue afin d’éviter une escalade de la violence et demande aux autorités de garantir la sécurité des journalistes afin qu’ils puissent exercer leur mission d’information dans les meilleures conditionsdéclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF.


La Macédoine occupe la118e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 08.03.2017