Crise irakienne : les médias pris en otages

Les autorités américaines ont demandé, le 14 février 2003, au correspondant de l'agence de presse irakienne INA à New York de quitter le pays dans un délai de quinze jours. Selon une porte-parole du département d'Etat, il est reproché à Mohamed Hassan Alaoui de mener "des activités hors de ses fonctions normales et considérées comme préjudiciables à la sécurité nationale". Les autorités irakiennes ont réagi, le jour même, en ordonnant l'expulsion de Greg Palkot, correspondant de la chaîne de télévision américaine Fox News à Bagdad. "Les journalistes ne doivent pas être confondus avec des espions. Il est attendu des autorités américaines qu'elles fournissent des preuves à l'appui des reproches adressés au correspondant à New York de l'agence de presse irakienne", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Quant à la réaction des autorités irakiennes, elle est totalement inadmissible. Les journalistes ne sauraient faire l'objet d'un chantage aussi cynique. Ils ne sont pas expulsables à loisir ou de manière discriminatoire en fonction de leur nationalité. Les autorités américaines et irakiennes auraient-elles décidé d'ouvrir les hostilités en prenant les journalistes pour cibles ? ", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont donné à Mohamed Hassan Alaoui, correspondant à New York de l'INA, et à sa famille, un délai de quinze jours pour quitter le pays. Rien n'a été précisé concernant la possibilité pour les Irakiens d'envoyer un autre journaliste pour le remplacer. Quant à la chaîne américaine Fox News, dont les derniers taux d'audience en font la plus regardée aux Etats-Unis devant CNN, elle a été autorisée à conserver trois techniciens à Bagdad. Son reporter Greg Palkot, qui se trouvait sur place depuis deux semaines, aurait été expulsé le 17 février et des contacts avec les autorités irakiennes seraient en cours pour le remplacer.
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Updated on 20.01.2016