Couverture du Covid -19 au Liberia : RSF préoccupée par les menaces d’arrestations de journalistes par le ministère de l’Information

Le vice-ministre de l’Information menace d’arrêter tout journaliste qui ne serait pas détenteur d’une autorisation de circuler pendant le couvre feu, délivrée par ses services. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une menace à la sécurité physique des journalistes et une atteinte à la liberté d’informer.

 
Il ne fait décidément pas bon être journaliste au Liberia en période de Covid. Après des suspensions de publications, des menaces du procureur à l’égard de la presse, des atteintes à l’intégrité physique des journalistes, la tension est encore montée d’un cran  le 2 mai. La direction du Syndicat de la presse du Libéria (PUL) et le ministre adjoint de l'Information, Eugene Fahngon s’opposent sur la délivrance de nouveaux laissez-passer pour les journalistes amenés à se déplacer en dépit de la crise sanitaire.


Pour justifier une décision arbitraire de durcir les conditions de délivrance des précieux laissez-passer de presse pour les reporters, le Ministre accuse le syndicat d’avoir dupliqué  ces sésames, comme le rapporte une source à RSF.   Or, le syndicat nie les accusations et estime que la décision unilatérale n’est qu’un tour de vis supplémentaire visant  à entraver le travail de reportage des journalistes.


Le syndicat PUL a ainsi déclaré qu’il n’imposera pas aux journalistes les nouvelles règles d’obtention des laissez-passer délivrés par le ministère de l’Information et ajoute que s’ils sont contrôlés pendant le couvre-feu, ils doivent présenter leur carte de presse, qu’elle soit celle délivrée par le syndicat ou qu’elle soit celle de leur média.


 "Le Liberia démontre une nouvelle fois sa propension à entraver le travail des journalistes en pleine crise sanitaire’’, déclare Assane Diagne, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Cette mesure est non seulement arbitraire mais aussi dangereuse pour la sécurité des journalistes. Le ministère de l’Information ne peut utiliser n'importe quel prétexte pour arrêter les journalistes et les empêcher d'enquêter’’.


Lors d’une émission de radio, le minsitre Eugène Fahngon a averti que des journalistes seraient arrêtés et jugés, s’ils ne détenaient pas la carte de presse du ministère. Il a également effectué une visite des check-points, dans la capitale Monrovia, pour demander aux forces de sécurité d’arrêter tout journaliste ne disposant pas d’une autorisation.


Le Liberia occupe la 95e place sur 180 pays du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF, après un recul de deux places.

 

Publié le
Updated on 19.05.2020