Coronavirus : la lanceuse d’alerte Ai Fen injoignable après avoir critiqué dans la presse chinoise la censure imposée par Pékin
Reporters sans frontières (RSF) demande à Pékin de clarifier la situation de la lanceuse d’alerte Ai Fen, injoignable depuis le 29 mars après avoir critiqué dans la presse la censure imposée par le régime chinois concernant l’épidémie de coronavirus.
MISE A JOUR AU 13/04/2020
RSF a pris connaissance de la vidéo publiée sur le compte Weibo de la lanceuse d’alerte Ai Fen, qui laisse à penser qu’elle serait libre, et espère qu’il ne s’agit pas d’une mise en scène du régime chinois. RSF s’inquiète encore pour les journalistes Chen Quishi, Fang Bin et Li Zehua, disparus après avoir enquêté sur le COVID-19.
Le 29 mars, l’émission de télévision 60 Minutes Australia a signalé la disparition de la directrice des urgences de l’hôpital central de Wuhan, Ai Fen, qui avait témoigné dans le magazine Ren Wu, du groupe Quotidien du Peuple, de la censure imposée par Pékin. L’édition en question, publiée le 10 mars, avait rapidement été retirée des kiosques et l’entretien, qui a entre temps pu être copié par des internautes, avait été supprimé du site internet du média.
Les proches de la lanceuse d’alerte s’inquiètent du fait qu’elle ait pu être arrêtée suite à la parution de cet article et le média américain Radio Free Asia assure ne pas être parvenu à la contacter. Sur le réseau social Weibo, le compte de la docteure reste actif et quelques messages rassurants ont été postés, mais des doutes subsistent quant à l’authenticité de leur auteur car il est courant en Chine que la police extorque leurs mots de passe aux détenus. Ces deux derniers mois, trois journalistes et trois commentateurs politiques ont aussi été arrêtés en lien avec l’épidémie de coronavirus.
Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités chinoises à faire la lumière de toute urgence sur la situation dans laquelle se trouve Ai Fen, lanceuse d’alerte et source d’information du magazine Ren Wu.
« Par son témoignage dans la presse, la docteure Ai Fen souligne le fait que la censure mise en place par le régime a retardé la prise de mesures contre l’épidémie de coronavirus et donc contribué à sa propagation en Chine, rappelle Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui enjoint les autorités chinoises à « faire preuve de la plus grande transparence concernant sa situation et, dans le cas où elle aurait été arrêtée, à la libérer immédiatement ainsi que tous les journalistes et sources d’information détenus en Chine. »
Le 30 décembre, Ai Fen et un groupe de médecins avaient lancé l'alerte sur internet concernant l’apparition à Wuhan d’un virus ressemblant à celui responsable de l’épidémie de SRAS, (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait causé en 2003 plus de 800 morts et affecté 8000 personnes principalement en Chine. Huit d’entre eux, dont le docteur Li Wenliang, mort depuis des suites de la maladie, avaient été interpellés le 3 janvier pour avoir prétendument fait circuler de « fausses rumeurs ».
La Chine se situe au 177e rang sur 180 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2019.