Corée du Sud : RSF condamne les attaques du parti au pouvoir contre les journalistes

Reporters sans frontières (RSF) condamne les attaques du parti démocrate, au pouvoir en Corée du Sud, à l’encontre des journalistes qui critiquent la politique du président Moon Jae-in.

Le 13 mars, Lee Hae-sik, le porte-parole du parti démocrate au pouvoir en Corée du Sud, a attaqué dans un communiqué une journaliste de Bloomberg, Youkyung Lee, l'accusant d'avoir écrit un article « perfide » et « insultant pour le chef de l'État. » Dans l'article en question, publié en septembre 2018, la journaliste comparait le président sud-coréen Moon Jae-in - qui depuis son arrivée au pouvoir a entrepris un rapprochement avec la Corée du Nord - à un « porte-parole » du dictateur nord-coréen Kim Jong-un. Le lendemain, Lee Hae-sik s’en est pris à un autre journaliste, Choe Sang-Hun, du New York Times, qui avait exprimé une opinion similaire.


Cette affaire a provoqué un vif émoi en Corée du Sud, qui se remet d'une décennie de violations répétées de la liberté de la presse. Le parti démocrate a par la suite présenté des excuses et fait retirer les noms des journalistes de sa déclaration. Mais le président Moon, qui exerce aussi la fonction de président du parti démocrate, a jusqu'ici refusé de commenter l’affaire.


« Les journalistes ont tout à fait le droit d'exprimer leurs opinions sur la conduite des affaires de l'État et n’ont de comptes à rendre qu’à leurs lecteurs », insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), appelant le président Moon à « dénoncer sans ambiguïtés le communiqué publié par son parti et à veiller à ce qu’à l'avenir, il respecte pleinement les principes de la liberté de la presse.»


Après une décennie sombre pour la liberté de la presse, la Corée du Sud a connu une amélioration significative après l'élection du président Moon et son classement est passé de la 63e au 43e rang du classement mondial RSF 2018 de RSF. Moon, un ancien avocat des droits de l'Homme élu président en mai 2017, s'est engagé à ce que la Corée du Sud soit classée 30e à la fin de son mandat. Cependant, son gouvernement n'est pas à l'abri des mauvaises pratiques. En octobre 2018, il avait par exemple mis à l’écart un journaliste ancien transfuge nord-coréen qui couvrait les pourparlers avec les autorités nord-coréennes.

Publié le
Mise à jour le 22.03.2019