Condamnation à perpétuité de deux ravisseurs de Chesnot et Malbrunot

Le 22 septembre 2010, la justice irakienne vient de condamner à la prison à perpétuité deux ravisseurs des journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, et de leur guide syrien pris en otages pendant 124 jours en 2004. « Nous saluons cette décision de la justice irakienne, en espérant que l’impunité dont ont longtemps bénéficié les assassins et les kidnappeurs de journalistes ne sera plus jamais la règle dans l’Irak d’aujourd’hui », a déclaré Jean-François Julliard, Secrétaire général de Reporters sans frontières. « Il est bien que la justice soit rendue », estime Georges Malbrunot, interrogé par Reporters sans frontières. Dans le rapport intitulé “Guerre en Irak, une hécatombe pour la presse. 2003-2010”, publié le 7 septembre dernier, l’organisation avait dénoncé l’impunité dont bénéficiaient les assassins de journalistes depuis le début de l’intervention des forces de la coalition en Irak en mars 2003. « A compter de 2007, soit près de quatre ans après la chute du régime de Saddam Hussein, le ministère irakien de l’Intérieur a commencé à ouvrir des enquêtes afin d’élucider les circonstances dans lesquelles des centaines de professionnels de l’information ont été les cibles d’attaques délibérées, et de retrouver les coupables et les traduire devant la justice irakienne. Mais à ce jour, seul un nombre insignifiant d’affaires a abouti à des arrestations. La majorité des assassins continuent de jouir d’une totale impunité, ce qui pose problème pour un futur Irak démocratique », avait conclu Reporters sans frontières. Reporters sans frontières rappelle qu’au moins 93 journalistes ont été enlevés entre 2003 et 2010 en Irak. Au moins 47 ont été libérés sains et saufs, mais 32 ont été exécutés. On est sans nouvelles d’au moins 14 professionnels des médias irakiens qui ont été enlevés au cours de cette période. La prise en otages de journalistes, principalement étrangers, a constitué un business macabre. A partir d’avril 2004, les prises d’otages de journalistes étrangers, facilement repérables, et dont la libération peut faire l’objet d’un chantage se sont multipliés. Britannique, turque, américaine, tchèque, française, italienne, ou japonaise … aucune nationalité n’a été épargnée. Les collaborateurs irakiens des envoyés spéciaux sont devenus progressivement les cibles de ces kidnappeurs. Le pays étranger (hors Irak) le plus touché par les enlèvements est la France, pays qui n’était pas membre de la Coalition. Neuf journalistes français ont ainsi été kidnappés au cours du conflit. Tous les reporters français pris en otage, ainsi que leurs collaborateurs irakiens, ont été libérés sains et sauf. Un seul journaliste étranger, Enzo Baldoni, a été exécuté par ses ravisseurs. Ce journaliste freelance italien de 56 ans travaillait pour l’hebdomadaire indépendant Diario della Settimana. Il a été tué par ses ravisseurs dans la nuit du 26 au 27 août 2004.
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Updated on 20.01.2016