Condamnation de Khaled Drareni en Algérie : “Une décision arbitraire, absurde et violente”

Le journaliste Khaled Drareni a été condamné à trois ans de prison ferme. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une peine qui soulève le coeur et l’esprit et appelle à amplifier la mobilisation en sa faveur.

Le journaliste Khaled Drareni a été condamné à trois ans de prison ferme. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une peine qui soulève le coeur et l’esprit et appelle à amplifier la mobilisation en sa faveur.


Le tribunal de Sidi M'hamed à Alger a rendu sa décision ce lundi 10 août. Khaled Drareni, directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour TV5 Monde et RSF a été condamné à trois ans de prison ferme et 50.000 dinars algériens (environ 330 euros). A l’ouverture du procès lundi dernier, le procureur de la République avait requis quatre ans de prison ferme et la privation de ses droits civiques.


Cette condamnation soulève le cœur et l’esprit par son caractère arbitraire, absurde et violent, s’indigne le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Il s’agit clairement d’une persécution judiciaire contre un journaliste qui est l’honneur de son pays. Cette décision qui relève d’une justice aux ordres vient de faire de Khaled Drareni un symbole qui va susciter une indignation et une mobilisation mondiales.”


Poursuivi pour “incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale”, après avoir couvert les manifestations du “Hirak", le journaliste s’est vu reprocher au cours de son  procès d'avoir critiqué sur Facebook le système politique et d'avoir publié un communiqué d'une coalition de partis politiques en faveur d'une grève générale.


En détention provisoire depuis le 29 mars, Khaled Drareni a toujours rejeté les accusations, assurant n’avoir fait que son « travail en tant que journaliste indépendant et avoir exercé son droit à informer ».


Deux figures du Hirak qui étaient poursuivis pour les mêmes faits ont été condamnés uniquement à quatre mois ferme de prison et à des peines avec sursis.


Khaled Drareni n’est pas le premier journaliste condamné cette année. Le 14 juillet, le journaliste Ali Djamel Toubal, correspondant du groupe de médias privé Ennahar, a été condamné à 15 mois de prison ferme par la cour d'appel de Mascara (nord-ouest) pour avoir notamment diffusé des images montrant des policiers malmener des manifestants opposés au régime.


L'Algérie figure à la 146e place sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu cinq places par rapport à 2019 et 27 par rapport à 2015.

Publié le
Mise à jour le 10.08.2020