Cinq journalistes arrêtés en moins d'une semaine

Cinq journalistes ont été arrêtés en moins d'une semaine au moment même où une délégation de la Commission des droits de l'homme des Nations unies enquêtait sur les arrestations arbitraires. Kambiz Kaheh et Said Mostaghasi, journalistes de revues cinématographiques, ont été arrêtés le 26 février ; Mohammad Abdi, rédacteur en chef du mensuel Honar Haftom, et Amir Ezati, de Mahnameh Film, le 28 février ; et Yasamin Soufi, critique de musiques de film, le 1er mars. "Alors qu'une délégation de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, menée par Louis Joinet, vient d'achever une mission en Iran, ces arrestations sont une véritable insulte envers cette instance", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation demande au chef de la magistrature, l'ayatollah Mahmoud Shahroudi, la libération immédiate de ces cinq journalistes et de huit autres, dont Alireza Eshraghi, emprisonné depuis le début de l'année. Lors d'une conférence de presse tenue à la fin de son séjour, Louis Joinet avait fait part de sa préoccupation sur la liberté d'expression en Iran et avait déclaré : "La détention solitaire totale" qui est imposée "à grande échelle et pour de très longues périodes (…) peut être considérée (…) comme une prison dans la prison, ce qui comporte de graves risques d'arbitraire." Le 26 février, Kambiz Kaheh, journaliste des revues cinématographiques, Cinema-Jahan, Majaleh Film, Donyai Tassvir, Cinema-é-No, et Said Mostaghasi, journaliste de Haftehnameh Cinema, ont été arrêtés à leur domicile puis transférés dans un lieu inconnu. Leurs maisons ont été perquisitionnées. Les auteurs de l'interpellation n'ont pas été identifiés. Le 28 février, Mohammad Abdi, rédacteur en chef du mensuel Honar Haftom, et Amir Ezati, de Mahnameh Film, ont été arrêtés dans les mêmes conditions. Le 1er mars, après s'être rendu à une convocation d'Adareh Amaken (une section de la police téhéranaise habituellement chargée des délits à caractère "moral" et considérée comme proche des services de renseignements), Yasamin Soufi, critique de musiques de film, a été transféré vers un lieu inconnu. Le journaliste Mohamed Mohsen Sazegara, arrêté le 18 février, a été, quant à lui, relâché le 22 février à l'issue d'une grève de la faim. Cette interpellation était intervenue quelques jours après la diffusion, sur son site www.alliran.net, d'un article dans lequel il critiquait le Guide de la République islamique, l'ayatollah Khamenei. Depuis le 12 janvier 2002, Alireza Eshraghi, journaliste de Hayat-é-No, est détenu à la prison d'Evine (Téhéran). Très inquiète, sa mère, Mehri Zayanderodi Zadeh, a adressé au président Khatami, le 17 janvier, une lettre dans laquelle elle insiste sur le fait que son fils, incarcéré depuis plus de quarante jours dans une cellule individuelle, a perdu beaucoup de poids et pense au suicide. Durant la semaine du 26 février, une centaine de journalistes ont adressé une lettre aux dirigeants iraniens pour demander sa libération et celle de ses collègues. L'arrestation du journaliste et la fermeture de Hayat-é-No sont intervenues après la publication d'une caricature, le 8 janvier dernier. Cette dernière représentait un homme âgé, à la barbe blanche, vêtu d'une longue robe noire et assis par terre, avec le pouce d'une main géante pressant sur sa tête (et l'inscription "Roosevelt" sur la manche). Ce dessin avait été publié en 1937 dans un journal américain pour illustrer les pressions du président Roosevelt sur la Cour suprême américaine.
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Updated on 20.01.2016