Canada : la Cour supérieure du Québec ordonne à une journaliste de révéler ses sources

Le 22 mars, un juge de la Cour supérieure du Québec a sommé la journaliste d’investigation de Radio-Canada, Marie-Maude Denis, de révéler des sources confidentielles dans le cadre d’une enquête en cours sur des cas de corruption impliquant deux hommes politiques.

Le juge Jean-François Edmond a décrété que la journaliste Marie-Maude Denis devait révéler l’identité de ses sources. Peu avant, la défense avait fait valoir que la couverture médiatique faite par Radio-Canada, qui emploie la journaliste, avait privé l’un des hommes politiques impliqués dans cette affaire d’un procès juste et équitable. Le juge a ainsi estimé que dans un procès, lorsque l’intérêt public l’emporte sur la préservation de l’identité des sources d’un journaliste, il est acceptable de forcer le journaliste à témoigner.


Cette décision rendue jeudi annule celle de la chambre basse, qui avait auparavant interdit que Marie-Maude Denis et le journaliste Louis Lacroix soient appelés à témoigner, invoquant la loi-bouclier fédérale du Canada adoptée en 2017. Marie-Maude Denis fait partie des sept journalistes mis sous surveillance par la police du Québec en 2013, dans une tentative d’identifier ses sources parmi la police.


Le fait de forcer une journaliste d’investigation de premier plan à révéler ses sources est une grave menace à la liberté de la presse au Canada, déclare Margaux Ewen, directrice du bureau Amérique du Nord de RSF. Cette décision ignore non seulement la loi-bouclier fédérale récemment adoptée par le Canada, mais elle nuit également au principe fondamental de la confidentialité des sources dans le cadre d’un travail journalistique. Ce principe essentiel permet aux journalistes de rester indépendants de toute pression gouvernementale.”


Le Canada est 22ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2017. Il a chuté de 14 places en deux ans.
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Mise à jour le 26.03.2018