Bolivie: plus de six mois d’exil forcé pour le journaliste Wilson Garcia Mérida

Le directeur du journal Sol de Pando, Wilson Garcia Mérida, accusé de sédition par le ministre de la Présidence Juan Ramón Quintana, est en exil au Brésil depuis mai 2016. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une parodie de justice et exhorte les autorités à restaurer les droits fondamentaux de Garcia Merida.

Depuis le 10 mai 2016, le journaliste Wilson Garcia Mérida, directeur du journal Sol de Pando est accusé de sédition, sans motif valable, par le ministre de la Présidence de Bolivie Juan Ramón Quintana.


L’avocat de Garcia Mérida avait tenté à l’époque de reporter la date de la convocation, d’obtenir plus d’informations sur le procès et surtout de prendre connaissance des chefs d’accusation retenus par Quintana. En vain. Pour échapper à ce déni de justice, le journaliste a dû fuir vers le Brésil, où il se trouve en exil depuis maintenant six mois. L’accusation est assortie d’un mandat d’arrêt, en vigueur depuis le 16 mai.


Garcia Mérida, éditorialiste engagé et critique, a révélé dans ses colonnes l’existence d’un réseau criminel de trafic humain et de prostitution, entre la Bolivie et le Brésil, dans lequel serait impliqué le ministre Quintana.


“Reporters sans frontières appelle la justice bolivienne à annuler de toute urgence le mandat d’arrêt émis contre Garcia Merida, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de l’organisation. Ramón Quintana doit par ailleurs clarifier, preuves à l’appui, les motifs de cette accusation de sédition. Le cas échéant, elle doit être retirée, pour ne pas s’ajouter à la longue liste des manoeuvres gouvernementales pour réduire la presse critique au silence”.


Garcia Merida, avec qui RSF communique depuis plusieurs mois, souhaite avant tout rentrer dans son pays et retrouver sa famille. Les avocats avec qui il est entré en contact à La Paz lui ont fait part de pression et de tentatives d’intimidations leur ayant été faites afin de les dissuader de le défendre. Malgré ces difficultés, il lutte aujourd’hui, depuis le nord du Brésil, pour faire annuler le mandat d’arrêt émis contre lui, et pour déposer un recours pour inconstitutionnalité et démontrer que Quintana, à travers ses accusations, vulnérabilise le régime démocratique et la Constitution de Bolivie.


Ce n’est pas la première fois que l’activité journalistique de Garcia Mérida est mise à mal par le gouvernement. En 2011, Quintana avait tenté de priver Sol de Pando des revenus de la publicité officielle. En 2012, il avait ordonné la saisie de 2000 exemplaires papier du journal, et démantelé son réseau de livreurs de journaux, dans la ville de Cobija.


La Bolivie se situe à la 97ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2016.
Publié le
Mise à jour le 21.11.2016