Au Bahreïn, Nabeel Rajab condamné à deux ans de prison

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation à deux ans de prison du blogueur et défenseur des droits humains bahreïni Nabeel Rajab pour de simples interviews télévisées.

Le verdict a été prononcé ce 10 juillet, par contumace, Nabeel Rajab, étant hospitalisé depuis le mois d’avril. Le célèbre blogueur et président du Centre bahreïni pour les droits de l’homme a été condamné à deux ans de prison pour avoir “propagé des rumeurs et de fausses informations” dans des interviews accordées en 2014 et 2015 à des médias locaux et occidentaux sur la situation des droits humains dans le royaume du Bahreïn.



RSF dénonce une condamnation injustifiée et réclame la libération immédiate de Nabeel Rajab, dont le seul crime est d’avoir exercé son droit à s’exprimer librement pour dénoncer les violations des droits humains dans son pays”, déplore Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient à RSF.



Les avocats de Nabeel Rajab, Mohamed Al Jishi et Jaleel Al Sayed, boycottent les audiences depuis le 14 juin dernier, pour protester contre la poursuite du procès en dépit de l’absence de l’opposant bahreïni, en raison de son hospitalisation. Ils réclament, en vain, l’ajournement du procès jusqu’au rétablissement de Nabeel Rajab et devraient, selon des informations recueillies par RSF, faire appel.



Nabeel Rajab est la cible d’un harcèlement judiciaire depuis 2011. Le président du Centre bahreïni pour les droits de l’homme est également poursuivi pour d’autres affaires, pour des tweets critiquant l’intervention militaire arabe au Yémen, jugés insultants pour les forces de l’ordre ou trop critiques sur les conditions de détention et la torture pratiquée dans la prison de Jaw. La prochaine audience autour de ce cas aura lieu le 7 août prochain.



L’état de santé de Nabeel Rajab reste préoccupant, il souffre de complications après une opération en avril dernier pour un ulcère hémorragique. Il avait été libéré le 15 juillet 2015 par une grâce royale pour “raisons de santé”, mais est à nouveau maintenu en détention depuis le 13 juin 2016. Sa détention et surtout les conditions de celle-ci, auraient aggravé ses problèmes de santé.



En 2017 au royaume du Bahreïn, 14 journalistes et citoyens journalistes sont toujours en détention, simplement pour s’être exprimés, d’après le baromètre de RSF. La peur d’un renversement du régime en 2011 a accru la répression et la censure des voix dissidentes - le dernier journal papier indépendant, al Wasat, a été fermé, de manière arbitraire, il y a un mois.



Le Bahreïn se situe à la 164e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 11.07.2017