Arrestation du milicien Thomas Lubanga : la CPI doit faire la lumière sur la disparition d'un collaborateur de l'AFP en 2003

Reporters sans frontières et son organisation partenaire Journaliste en danger (JED) ont écrit au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour lui demander de « mener des investigations plus poussées » sur la disparition, le 26 juin 2003, d'Acquitté Kisembo, collaborateur de l'Agence France-Presse (AFP). Le chef de milice Thomas Lubanga, arrêté pour crimes de guerre et transféré à la CPI le 17 mars 2006, est soupçonné d'en être le commanditaire.

M. Luis Moreno Ocampo
Procureur
Cour pénale internationale
Boîte Postale 19519
2500 CM, La Haye
Pays-Bas
Monsieur le Procureur,
En apprenant l'arrestation et le transfert à la Cour pénale internationale de M. Thomas Lubanga Dyilo, fondateur et dirigeant présumé de l'Union des patriotes congolais (UPC), Reporters sans frontières et Journaliste en danger (JED) souhaitent attirer votre attention sur le cas de M. Acquitté Kisembo, 28 ans, collaborateur de l'Agence France-Presse (AFP), dont on est sans nouvelles depuis le 26 juin 2003. Le 25 juin 2003, Acquitté Kisembo avait couvert, en compagnie d'autres journalistes de la presse étrangère, l'évacuation de la milice de Thomas Lubanga par la MONUC hors de Bunia (Ituri, Nord-Est). Lors de cette évacuation, certains miliciens auraient traité Acquitté Kisembo de « collabo » en raison de son travail pour une agence de presse étrangère et l'auraient menacé. Certaines sources locales affirment que le journaliste a été enlevé et assassiné par la milice de Thomas Lubanga le lendemain, alors qu'il interviewait des civils. Le chef de l'UPC a démenti son implication dans l'affaire et présenté un « témoin oculaire », qui prétend qu'Acquitté Kisembo a été kidnappé par une milice rivale. L'impunité est l'un des fléaux qui sclérosent l'Afrique et l'arrestation de Thomas Lubanga est une étape importante dans la lutte pour que justice soit rendue aux victimes des conflits. De fortes suspicions pesant sur le chef de l'UPC dans la disparition d'Acquitté Kisembo, Reporters sans frontières et JED vous demandent par conséquent de bien vouloir mener des investigations plus poussées sur cette affaire. Depuis bientôt trois ans, ses proches et son employeur sont dans l'incertitude et ils doivent bénéficier de l'opportunité qui leur est offerte de connaître enfin la vérité. Certains que vous serez sensible à notre requête, nous vous prions d'agréer, Monsieur le procureur, l'expression de notre haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général
Reporters sans frontières
Donat M'Baya Tshimanga
Président
Journaliste en danger
Publié le
Updated on 20.01.2016