Arabie saoudite : RSF dévoile les portraits des journalistes arbitrairement détenus par la monarchie

Après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul, Reporters sans frontières (RSF) rappelle qu’au moins 33 autres journalistes, victimes d’un système judiciaire opaque et arbitraire, se trouvent actuellement derrière les barreaux. L'organisation dévoile leurs portraits.


Jamal Khashoggi a été assassiné parce qu’il était devenu une voix critique du régime de Riyad. Au moins 33 autres journalistes, éditorialistes, blogueuses et blogueurs sont actuellement emprisonnés en Arabie saoudite pour les mêmes raisons : leurs articles, leurs blogs et parfois même un simple tweet leur vaut d'être interpellé.


Peu de temps après Jamal Khashoggi, le journaliste Turki Al-Jasser est probablement mort sous la torture, d'après certains médias locaux. Aucun démenti n'a été apporté par les autorités saoudiennes. Quant présentateur et prédicateur Ali Al-Omari, tenant du courant des savants musulmans considérés comme modérés, il risque la peine de mort pour des accusations de terrorisme.


Certains ont été arrêtés il y a déjà plusieurs années, sous le règne du roi Salmane d’Arabie ou de son prédécesseur le roi Abdullah, comme le blogueur Raif Badawi, condamné en 2012 à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour “insulte à l’islam”. D’autres sont victimes de la récente répression lancée à l’automne 2017 par le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit “MBS”.


Depuis, la liste de prisonniers s'allonge et les vagues d'arrestations sont récurrentes. En mars 2018, trois femmes, journalistes, éditorialistes ou blogueuses engagées pour la cause féministe ont ainsi été arrêtées. Elles sont accusées de porter atteinte à la sécurité de l'Etat et de contacts avec des entités étrangères. A l'automne 2019, deux femmes journalistes supplémentaires sont jetées derrière les barreaux lors d'une énième vague d'arrestations et leur sort est incertain : Maha Al-Rafidi et Zana Al-Shahri.


Deux journalistes étrangers figurent parmi les détenus, victimes de disparitions forcées. Les familles du Yéménite Marwan Al-Muraisy et du Jordanien Abdelrahman Farhaneh attendent toujours leur libération.



EMPRISONNÉS AVANT 2017

Fadhel Al-Manasef, journaliste citoyen et défenseur des droits humains

Crimes : “travail contre la sécurité et la stabilité nationale”, “déloyauté envers le roi”, “publication d’articles et communication avec des journalistes étrangers en vue de nuire à l’image de l’Etat”.

Emprisonné depuis : le 1er mai 2011.

Situation judiciaire : condamné le 17 avril 2014 à 15 ans de prison ferme, assorti d’une interdiction de voyager de 15 ans et d’une amende de 100 000 riyals.

Jassim Al Safar, photographe

Crimes : “participation à des manifestations anti gouvernement”, “publication de photos de prisonniers sur des places publiques”, “contact avec des journalistes étrangers et envoi d’images à des médias”.

Emprisonné depuis :  le 9 mai 2013.

Situation judiciaire : condamné en juillet 2014 à 7 ans de prison et 7 ans d’interdiction de quitter le territoire.

Wajdi Al-Ghazzawi, présentateur, fondateur de la chaîne Al Fajr


Crimes : “Incitation à la division entre les membres de la société”, “atteinte au prestige de l’Etat et ses institutions juridiques”. 

Emprisonné depuis : le 10 août 2012.

Situation judiciaire : condamné en février 2014 à 12 ans de prison et 20 ans d’interdiction de sortie du territoire.

Waleed Abulkhair, avocat, blogueur, fondateur de l’Observatoire saoudien des droits de l’Homme 

Crimes : “incitation à la rébellion”, “publication de fausses informations dans le but de nuire à l’Etat”, “outrage à magistrat”, “création d’une ONG sans autorisation”.

Emprisonné depuis :  le 15 avril 2014.

Situation judiciaire : condamné à 15 ans de prison, assortie de 15 ans d’interdiction de quitter le territoire.

Turad Al-Amri, analyste politique, éditorialiste

Crimes : inconnu. Aucune charge officielle. 

Emprisonné depuis : le 11 novembre 2016.

Situation judiciaire : en détention.


EMPRISONNÉS EN 2017

Nazeer Al-Majed, auteur et journaliste

Crimes :  “désobéissance envers le pouvoir”, “participation à des manifestations”, “écrits critiques envers le régime”, “atteinte à la sécurité du pays” et "contacts avec des médias étrangers".

Emprisonné depuis : le 18 janvier 2017. 

Situation judiciaire : condamné en juin 2017 à 7 ans de prison et 7 ans d’interdiction de sortie du territoire en plus de 100 000 riyals d’amende.

Ali Al-Omari, prédicateur, auteur et présentateur sur la chaîne 4Shabab

Crimes :  “Constitution d'un groupe aux objectifs terroristes".

Emprisonné depuis : le 9 septembre 2017.

Situation judiciaire : peine de mort requise. Verdict final en attente. Victime de tortures.

Musaid Al-Kathiri, écrivain et éditorialiste

Crimes :  inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonné depuis : le 11 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention. 

Walid Al-Huwairini, présentateur sur la chaîne Al-Majd

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 12 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention.

Adel Banaemah, prédicateur, auteur et présentateur sur la chaîne 4Shabab

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 12 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention. Victime de tortures.

Khaled Al-Alkami, journaliste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonné depuis : le 15 septembre 2017. 

Situation judiciaire : en détention. 

Malek Al-Ahmad, journaliste et rédacteur en chef, fondateur de Al Mohayed (“Le Neutre”)

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 19 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention. 

Sami Al-Thubaiti, journaliste à Twasul

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonné depuis : le 13 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention.

Ahmad Al-Sowayan, membre de l’association de la presse islamique

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 20 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention. Condamné à trois ans de prison.

Jamil Farsi, homme d’affaires et éditorialiste

Crimes :  inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 25 septembre 2017.

Situation judiciaire : en détention. Condamné à 5 ans de prison le 6 octobre 2020. 

Mohammed Al-Bishr, éditorialiste et journaliste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonné depuis : le 5 octobre 2017.

Situation judiciaire : en détention. Victime de tortures.

EMPRISONÉS EN 2018 

Turki Al-Jasser, auteur et journaliste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 15 mars 2018.

Situation judiciaire : en détention. Probablement mort sous la torture.

Marwan Al-Muraisy, auteur et éditorialiste yéménite basé en Arabie Saoudite


Crimes :  inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 1er juin 2018.

Situation judiciaire : en détention. 

Sultan Al-Jumairi, journaliste et éditorialiste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 9 septembre 2018.

Situation judiciaire : en détention.

EMPRISONNÉS EN 2019

Zuhair Kutbi, auteur et journaliste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles. Il avait déjà été emprisonné en juin 2015 et condamné à 4 ans de prison pour "incitation à la rébellion" et “insulte à l’Etat ou à ses symboles” puis libéré en juin 2017 en échange de son silence. 

Emprisonné depuis : le 10 janvier 2019.

Situation judiciaire : en détention.

Abdelrahman Farhaneh, journaliste jordanien basé en Arabie Saoudite

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis :  le 22 février 2019.

Situation judiciaire : en détention.



Mohammed Al-Sadiq, auteur et journaliste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonné depuis :  le 4 avril 2019. Il avait été arrêté une première fois le 17 mai 2018 puis libéré le 29 du même mois.

Situation judiciaire : en détention. Lieu inconnu.

Abdullah Al-Duhailan, auteur et journaliste

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonné depuis : le 5 avril 2019.

Situation judiciaire : en détention.

Nayef Al-Hindas, universitaire, auteur et journaliste 

Crimes : inconnu. Absence de charges officielles.

Emprisonné depuis : le 4 avril 2019.

Situation judiciaire : en détention.

Maha Al-Rafidi, journaliste en formation à Al-Watan 



Crimes : inconnu. Aucune charge officielle. 

Emprisonnée depuis :  le 28 septembre 2019.

Situation judiciaire : en détention.

Zana Al-Shahri, écrivaine et journaliste

Crimes : Inconnu. Absence de charges officielles. 

Emprisonnée depuis : novembre 2019. 

Situation judiciaire : en détention.

Publié le
Mise à jour le 17.03.2022