Arabie saoudite et Égypte : un angoissant ramadan dans les “pires prisons au monde pour journalistes”

Pour la majorité des pays musulmans, le vendredi 24 avril marque le premier jour du ramadan 2020. Une période d’isolement aggravé par la pandémie du Covid-19 pour les journalistes emprisonnés en Arabie saoudite et en Egypte, deux pays qui se disputent la
première place de geôlier au Proche-Orient. Reporters sans frontières appelle à leur libération, en cette période de trêve et de recueillement pour les fidèles de l’islam.

Ces deux pays figurent en tête de la liste des “pires prisons du monde pour journalistes” : à eux seuls, l’Egypte et l’Arabie saoudite en détiennent près d’une soixantaine. 


Arrêtés pour la plupart de longue date, ces professionnels des médias passeront, cette année encore, ce mois sacré pour les musulmans derrière les barreaux.


Mais pour certains, ce sera une première. C’est le cas de la journaliste saoudienne du quotidien Al-Watan Maha Al-Rafidi, emprisonnée lors d’une vague d’arrestations en septembre 2019, ou encore d’une dizaine de ses confrères égyptiens arrêtés entre septembre et novembre, à l’issue de la vague d’interpellations la plus importante depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi.


Passer le ramadan seul est un coup dur supplémentaire pour les journalistes emprisonnés, déjà très exposés dans des endroits à haut risque en cette période de pandémie de Covid-19, déclare Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à Reporters sans frontières (RSF). Les autorités saoudiennes et égyptiennes doivent saisir ce moment, traditionnellement propice au pardon et à la clémence, pour faire preuve d’humanité en les libérant.


Parmi les détenus en Arabie saoudite figure le blogueur Raif Badawi, emprisonné depuis bientôt huit ans pour “insulte à l’islam”. Placé à l’isolement, les contacts téléphoniques qu’il est autorisé à avoir avec sa famille sont brefs et de plus en plus irréguliers. Son épouse, Ensaf Haidar, s’inquiète de voir les périodes sans nouvelles de sa part de plus en plus prolongées. 


Quant aux journalistes détenus en Égypte, certains n’ont pas attendu le ramadan pour se priver de manger et de boire. Ainsi, la journaliste indépendante Esraa Abdel Fattah, arrêtée le 12 octobre 2019, a entamé une grève de la faim dès son premier jour de détention. Un mois plus tard, elle annonçait la doubler d’une grève de la soif partielle en refusant de boire douze heures sur vingt-quatre. Mais près de dix jours plus tard, elle était contrainte de l’interrompre, son état de santé s’étant fortement dégradé.


En 2020, l’Egypte et l’Arabie saoudite occupent respectivement la 166e et la 170e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 24.04.2020