Après dix mois de calvaire, l’innocence de Nikolaï Iarst enfin reconnue

Reporters sans frontières est profondément soulagée par l’abandon des poursuites intentées contre le journaliste indépendant de Sotchi, Nikolaï Iarst (Николай Ярст). Ce dernier était poursuivi depuis mai 2013 dans une affaire de détention de drogues montée de toutes pièces. Le 15 mars 2014, les avocats du journaliste ont été officiellement informés par le commissariat central de Sotchi que leur client bénéficiait d’un non-lieu.


“Nous sommes heureux que le calvaire insensé de Nikolaï Iarst touche à sa fin et qu’il retrouve une liberté de mouvement pleine et entière. Ce non-lieu a toutefois un goût bien amer : parce que ses enquêtes dérangeaient, le journaliste aura été assigné à résidence pendant six mois, précarisé et calomnié. Pourquoi aura-t-il fallu tout ce temps et de multiples compléments d’enquête pour que soient enfin prises en compte des contradictions et irrégularités qui étaient évidentes dès le début ?” s’interroge Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières.

“Une enquête doit être diligentée pour comprendre qui est à l’origine de ces accusations mensongères et ce qui a motivé un tel acharnement. Faire toute la lumière dans cette affaire est indispensable pour rendre justice à Nikolaï Iarst et dissiper tout effet d’intimidation sur ses collègues”, ajoute-t-il.

Nikolaï Iarst a été arrêté le 23 mai 2013, alors qu’il se rendait au Comité d’enquête (l’équivalent russe du FBI) de Sotchi avec un collègue pour obtenir des informations dans le cadre de ses investigations. Une enveloppe contenant de la drogue a été retrouvée sur le siège arrière de son véhicule. Les explications des autorités quant aux circonstances de l’arrestation sont rapidement apparues incohérentes. Analyses toxicologiques et perquisition au domicile de Nikolaï Iarst se sont révélées infructueuses. Manipulations des pièces à conviction et rétractations de témoins se sont multipliées, accréditant la défense du journaliste qui n’a cessé de dénoncer une mise en scène liée à son travail journalistique. Sa dernière enquête suggérait des complicités entre certains membres des forces de l’ordre et une personne condamnée.

Du 3 juin au 5 décembre 2013, Nikolaï Iarst a été assigné à résidence et maintenu dans un isolement total. Cette mesure a ensuite été assouplie et transformée en contrôle judiciaire. Le journaliste risquait jusqu’à dix ans de prison.

Plus d’informations sur cette affaire dans le rapport d'enquête de Reporters sans frontières : "Sotchi : le journalisme indépendant, un sport de combat".


(Photo: Svetlana Kravtchenko / Kavkazsky Ouzel)

Publié le
Mise à jour le 08.06.2019