Angola: RSF demande l’abandon des charges contre Rafael Marques et Mariano Bras

La justice angolaise va rendre, le 6 juillet, sa décision dans le procès de deux journalistes inculpés, Rafael Marques et Mariano Bras, pour avoir révélé une affaire de corruption impliquant un ancien procureur général. Reporters sans frontières (RSF) demande leur relaxe définitive.

Pour la quatrième fois en un an et demi, Rafael Marques se retrouvera vendredi 6 juillet devant les juges pour “insulte à l’autorité publique” et ’“offense à un organe souverain”. L’un des plus célèbres journalistes d’investigation angolais, arrêté et poursuivi à de multiples reprises pour ses enquêtes sur la corruption, sera fixé sur son sort dans une affaire qui l’oppose cette fois à l’ancien procureur général. Le fondateur du site Maka Angola est poursuivi pour un article d’octobre 2016 révélant l'acquisition illégale d’un terrain par le magistrat. Son confrère Mariano Bras est accusé d’avoir relayé l’article dans l’hebdomadaire indépendant O Crime


Le 15 juin dernier, le tribunal a requis la peine maximum, trois ans de prison ferme, contre les deux journalistes. Joint par RSF, l’avocat de Rafael Marques se dit “optimiste” assurant que ces accusations sont “sans fondement”. 


L’Angola a changé de régime. Elle doit maintenant changer ses pratiques à l’égard des journalistes, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Les promesses du nouveau président João Lourenço de rompre avec la politique de son prédécesseur et de promouvoir la liberté de la presse doivent impérativement se traduire par des actes. La justice doit elle aussi envoyer un signal fort en abandonnant toutes les charges qui pèsent contre Rafael Marques et Mariano Bras”.


En 1999, Rafael Marques avait passé un mois et demi en prison et subi des actes de torture pour avoir qualifié le président dos Santos de “dictateur corrompu” dans un article. Il avait également été condamné en 2015 à six mois de prison avec sursis pour "dénonciation calomnieuse", après la publication d’un livre exposant les abus des droits de l'homme commis dans les mines diamantifères d'Angola. 


Après avoir succédé en septembre dernier aux 38 ans de répression des journalistes sous la présidence d’Eduardo dos Santos, João Lourenço s’est engagé à défendre "la liberté de la presse”. Son ministre de la Communication João Melo a également annoncé au cours d’une interview le 26 mars la mise en place “le plus vite possible” d’un “débat” autour de la dépénalisation des délits de presse.


L’Angola occupe la 121ème place sur 180 pays dans le Classement 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 05.07.2018