Algérie : RSF déplore la fermeture du quotidien Liberté
Le quotidien algérien Liberté va officiellement cesser de paraître. Ce journal trentenaire était une référence en matière d’information indépendante et n’a cessé ces dernières années de subir des pressions politiques émanant du plus haut sommet de l’Etat algérien. RSF déplore le sacrifice soudain de ce titre sans raison valable et s’inquiète pour les autres médias du pays.
En trente ans d’existence, Liberté était devenu un journal lu, et apprécié aussi bien pour ses articles et reportages de qualité, que pour l’intérêt qu’il portait à l’actualité dans l’Algérie profonde, sans oublier le talent mondialement reconnu de son caricaturiste Dilem en dernière page.
Maintenant que la mort du titre est actée, des négociations vont débuter incessamment entre la direction du journal et ses salariés afin de trouver la meilleure issue qui garantisse le respect des droits des journalistes.
« La disparition du quotidien Liberté intervient dans un contexte politique et économique extrêmement défavorable à la liberté de la presse en Algérie », déplore Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF, qui rappelle que d’autres journaux, comme El Watan, subissent également de fortes pressions politiques et sont privés de leurs recettes publicitaires venant d’opérateurs publics et privés.
L’issue choisie par le propriétaire de Liberté de fermer le journal est-elle le résultat des pressions interminables qui se sont exercées au plus haut niveau ces derniers mois contre sa ligne éditoriale? Aucune explication ni raison valable n’a été donnée par le propriétaire du journal, Isaad Rebrab, qui s’est contenté d’annoncer cette décision inattendue, ainsi que son refus d’envisager une autre issue à cette fermeture brusque et injustifiée.
Le journal s’était distingué pendant la décennie noire en poursuivant son travail d’information en dépit de la multiplication des attentats terroristes qui visaient les journalistes. Deux reporters du quotidien avaient d’ailleurs payé de leurs vies leur appartenance au journal, Hamid Mahiout et Zineddine Aliou Salah, tous deux assassinés en 1995.
Le quotidien francophone algérien Liberté avait été fondé en 1992 par les journalistes Ahmed Fattani, Hacene Ouandjeli et Ali Ouafek et l’homme d’affaires Isaad Rebrab avant que ce dernier ne récupère le journal à lui seul quelques années plus tard. Le titre employait une trentaine de journalistes et une dizaine de collaborateurs, avec un tirage estimé à 50.000 exemplaires par jour et un faible taux d’invendus.
Reporters sans frontières (RSF) a de tout temps alerté les autorités algériennes quant à l’absolue nécessité de respecter les fondements mêmes de la liberté de la presse et de libérer tous les journalistes encore en détention dans le pays.
RSF rappelle que depuis le début du mouvement populaire Hirak en février 2019, des dizaines de journalistes ont été arrêtés, poursuivis et emprisonnés de façon arbitraire.
L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du Classement mondial de la liberté de la presse 2021 de RSF.