Algérie : RSF condamne le blocage de trois sites d’information supplémentaires

Avec le récent blocage de plusieurs sites d’information, les autorités algériennes confirment leur volonté de verrouiller le paysage médiatique dans le pays. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ces dernières entraves à la liberté de la presse et appelle le gouvernement à respecter ses engagements internationaux.

Dans la seule journée du mercredi 2 décembre 2020, trois sites d’information généralistes en ligne ont été bloqués par les autorités algériennes : Casbah tribune, un média d’actualités nationales fondé en 2017 par le journaliste Khaled Drareni, également correspondant en Algérie de RSF et de la chaîne francophone TV5 Monde et qui a été condamné à deux ans de prison ferme en septembre dernier ; Tariq News, un média arabophone qui couvre l’actualité politique de l’Algérie et du Maghreb et Twala.info, un média tout fraîchement créé, en octobre 2020, qui traite d’informations générales et économiques. Ces derniers restent toutefois accessibles grâce à la technologie VPN. Les responsables de ces médias en ligne n’ont reçu aucune explication du ministère de la Communication.

 

En bloquant trois sites d’information en moins de 24 heures, les autorités algériennes poursuivent leur fuite en avant dans le verrouillage du paysage médiatique dans le pays, déclare le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. La répression des voix critiques ne cesse de s’intensifier, en ligne comme hors ligne. Nous appelons les autorités algériennes à respecter la constitution et ses engagements internationaux, au risque de voir le pays se vider de ses journalistes.”

 

Ces trois sites s’ajoutent à la liste des sites indépendants déjà bloqués par les autorités algériennes depuis l’élection fin 2019 du  président Abdelmadjid Tebboune, qui s’était pourtant engagé à renforcer les libertés fondamentales, dont celle de la liberté d’information. Au moins sept de ces médias ont été recensés par RSF :

  • Maghreb Emergent et Radio M, sites d’information du groupe Interface Médias, sont bloqués depuis le 10 avril. Après un déblocage en octobre, ils sont à nouveau complètement inaccessibles. Les autorités ont justifié cette censure en accusant (sans fondement) ces médias d’avoir bénéficié de financement étrangers, puis d’avoir diffamé le président.
  • Interlignes, site d’actualité politique et économique en Algérie, est uniquement accessible via un VPN  depuis le 19 avril. Les autorités n'ont donné aucune explication à ce blocage
  • Dzvid, site d’information généraliste proche du mouvement de protestation du Hirak est bloqué depuis le  22 avril. Les autorités n'ont donné aucune explication à ce blocage
  • Le Matin d’Algérie, site d’information généraliste qui a couvert le Hirak, bloqué par les autorités depuis le 12 mai. Les autorités n'ont donné aucune explication à ce blocage.
  • Tout sur l’Algérie, site d’information généraliste, bloqué depuis juin 2019. Les autorités n'ont donné aucune explication à ce blocage.
  • L’Avant-Garde, site d’information généraliste, bloqué au moins deux fois en 2020 : d’abord le 14 mai 2020 (pour une période de 20 jours) sans que le média ne reçoive d’explications des autorités sur les raisons de ce blocage, puis le 23 août pour quelques jours. 

Ces nouveaux blocages qui s’inscrivent dans un contexte déjà marqué par une vague de répression contre les journalistes depuis un an et demi, interviennent à un moment où les Algériens s’interrogent sur la longue absence du président Tebboune, qui a été soigné du coronavirus en Allemagne et censé revenir “dans les tous prochains jours”.

 

L'Algérie figure à la 146e place sur 180 pays du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu cinq places par rapport à 2019 et 27 par rapport à 2015.

 

Publié le
Updated on 04.12.2020