22 journalistes menacés de mort, contraints de fuir

Reporters sans frontières dénonce les menaces de mort, proférées le 23 janvier 2013, par des cadres du Parti communiste unifié du Népal (UCPN maoïste) au pouvoir, à l'encontre de 22 journalistes, dans le district de Dailekh (ouest du pays). Le lendemain, 22 reporters locaux ont été contraints de fuir le district, entrainant la cessation des activités de deux quotidiens et d'un hebdomadaire. Les auteurs des menaces ont également saccagé les locaux du quotidien Hamro Tesro Aankha. "Ces menaces et agressions à l'encontre des professionnels des médias sont aggravées par le fait qu'elles répondent aux revendications de justice pour Dekendra Raj Thapa, journaliste local enlevé et assassiné par des cadres du parti maoïste. Nous appelons les autorités à faire cesser ces menaces et garantir aux journalistes leur droit fondamental de travailler en sécurité", a déclaré Reporters sans frontières. "La décision du gouvernement d'arrêter l'enquête sur le meurtre de Dekendra Raj Thapa s'inscrit en faux avec les déclarations du Premier ministre Baburam Bhattarai, adressées aux journalistes lors du 43e sommet annuel du Conseil de la Presse, au cours duquel il avait réaffirmé son engagement pour la liberté de la presse. Le processus de réconciliation national en cours ne saurait justifier l'abandon de la vérité et de la lutte contre l'impunité", a ajouté l'organisation. Le 23 janvier 2013, des cadres du Parti ont menacé des journalistes qui protestaient à l'occasion de la visite du premier ministre dans le district de Dailekh. Les membres du Parti ont exhorté publiquement plusieurs journalistes qu'ils finiraient "à se préparer à subir le même sort" que leur collègue Dekendra Raj Thapa, assassiné 4 ans plus tôt. D'autres cadres de l'UCPN ont fait irruption dans les bureaux de la rédaction du quotidien Hamro Tesro Aankha, qu'ils ont vandalisés. Ces attaques s'inscrivent en marge des violences qui ont éclaté entre les membres du Parti et pouvoir et ceux de l'opposition, venus manifester. Le lendemain, au terme d'une réunion du chapitre de Dailekh de la fédération des journalistes népalais (Federation of Nepali Journalists, FNJ), 22 journalistes, parmi eux Pushkar Thapa, président de la branche locale de la FNJ, des reporters et journalistes des quotidiens Nagarik, Republica, Kantipur et Kathmandu Post, de la chaîne Avenues Television, ainsi que des journalistes travaillant pour des publications et des stations de radio locales, sont arrivés à la conclusion que leur sécurité n'était plus assurée et qu'ils devaient quitter le district. Ces départs ont entrainé l'arrêt des publications de deux quotidiens, Dhamaka et Hamro Tesro Aankha et de l'hebdomadaire Sajha Pratibimba, pour une période indéfinie. Les stations de radio Dhruba Tara et Panchakoshi FM ont également cessé d'émettre. Quelques jours auparavant, le 12 janvier 2013, le Premier ministre Baburam Bhattarai avait défendu la décision du gouvernement de mettre un terme à l'enquête sur l'assassinat du journaliste Dekendra Raj Thapa, exécuté en 2004, en affirmant que tous les "cas (de meurtres perpétrés) en temps de guerre ne (pouvaient) pas être étudiés." Se référant à l'enquête en cours sur l'implication de 5 cadres maoïstes dans l'assassinat du journaliste, le Premier ministre avait ajouté que "si tous les cas (devaient être) étudiés séparément, le processus de paix en cours pourrait être compromis".
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Mise à jour le 20.01.2016