Plus de trois ans après l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia, le climat de la liberté de la presse à Malte suscite encore des inquiétudes. L’affaire a enfin connu des avancées en février 2021 avec l’arrestation attendue depuis longtemps de quatre hommes en lien avec le meurtre. En revanche, le procès contre le commanditaire présumé est resté en suspens.
L’enquête publique sur ce crime a contribué à révéler des éléments d’ingérence politique, de dissimulation par la police et de collusion avec les auteurs. Les tentatives du nouveau Premier ministre Robert Abela de mettre fin à l’enquête publique avant que celle-ci arrive à son terme ont été bloquées par les juges de la commission d’enquête.
Plus de 20 procès en diffamation contre Daphne Caruana Galizia ont été maintenus à titre posthume, dont ceux intentés par d’anciens membres du gouvernement comme Joseph Muscat, contraint de démissionner de ses fonctions de Premier ministre en janvier 2020 à la suite des manifestations qui ont paralysé le pays. D’autres exemples de poursuites stratégiques contre la participation publique, ou SLAPP, ont eu lieu, notamment pour faire pression sur le fils de la journaliste, Matthew Caruana Galizia, et d’autres journalistes maltais. Le musellement de la presse par la structure politique, la discrimination de l’accès aux informations et un système judiciaire inefficace ont continué à entraver les enquêtes d’intérêt public et à constituer des menaces pour les journalistes exerçant leur métier. Alors que dans la presse règne un climat extrêmement divisé, la propriété des médias reste entre les mains des deux principaux partis politiques, étouffant le débat public et laissant la propagande dominer l’actualité – une situation aggravée par l’allocation opaque et inéquitable de fonds opérant comme un processus de sélection de certains médias indépendants pendant la crise sanitaire.