Le retrait de l’accréditation de France 24 en Algérie est “la démonstration supplémentaire d’un esprit de censure”

Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision sans fondement visant la chaîne de télévision d’informations en continu. Au lendemain d’élections législatives anticipées, ce retrait se traduit par une interdiction de fait de travailler sur tout le territoire algérien. Une entrave caractérisée à la liberté d’informer.

L'Algérie a décidé de retirer son accréditation à la chaîne internationale France 24, ce qui l’empêchera de travailler sur le terrain. Raison officielle : "l'hostilité manifeste et répétée" de la chaîne d'informations continue contre le pays et "ses institutions".


Cette décision a été annoncée dimanche 13 juin par le ministère de la Communication. Ce brusque retrait d’accréditation est également motivé par "le non respect des règles de la déontologie professionnelle, la désinformation et la manipulation ainsi qu'une agressivité avérée à l'égard de l'Algérie", a affirmé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Ammar Belhimer, cité par l'agence officielle APS.


Cette mesure sévère et arbitraire est prise au lendemain d’élections, au moment même où les journalistes travaillent à éclairer les événements, critique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Cette interdiction d’exercer sur le territoire algérien est une démonstration supplémentaire de l’esprit de censure du régime algérien. L’effet dissuasif qu’un tel signal est adressé à tous les autres médias internationaux.”


Ce geste intervient au lendemain des législatives anticipées du 12 juin, précédées par l'interpellation des journalistes Khaled Drareni, correspondant de RSF, et Ihsane El Kadi, rédacteur en chef de Radio M et Maghreb Emergent le jeudi 10 juin, veille des manifestations de contestation hebdomadaires du Hirak.


“France 24 a scrupuleusement respecté un traitement équilibré de la campagne et a pu couvrir les élections législatives sans difficulté'', précise de son côté Vanessa Burggraf, la directrice de France 24. Notre chaîne n’entend pas ne plus traiter d’Algérie, bien au contraire, elle le fera depuis Paris tout en respectant le contradictoire comme elle le fait systématiquement.” 


L'Algérie figure à la 146e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF. Le pays a perdu 27 places depuis 2015.

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Updated on 15.06.2021