Slovaquie : six partis répondent favorablement à l’appel pré-électoral de RSF pour la protection des journalistes
Reporters sans frontières (RSF) salue l’engagement de plusieurs partis politiques slovaques – dont le favori dans les sondages – à renforcer la liberté des médias, en réponse à son appel lancé en amont des élections législatives. L’organisation regrette l’absence de réponse de l’ancien Premier ministre Robert Fico et redoublera de vigilance au cas où son parti entrerait au gouvernement.
Slovaquie progressiste (PS), du candidat au poste de Premier ministre Michal Simecka, Hlas-SD, de l’ancien Premier ministre Peter Pellegrini, OLaNO, de l’ex-président du gouvernement Igor Matovic, et trois autres partis en lice pour les élections législatives du 30 septembre ont répondu favorablement à l’appel de RSF pour améliorer la protection des journalistes. Le 6 septembre, l’organisation a appelé les partis défendant une ligne pro-UE à s’engager à mettre en œuvre les recommandations sur la sécurité des journalistes et contre les procédures-bâillons adoptées par la Commission européenne respectivement en 2021 et 2022. Le parti Smer-SSD de l’ancien Premier ministre Robert Fico (2012-2020), entre autres, n’a pas répondu à l’appel de RSF à un engagement électoral.
“Nous saluons l’engagement de plusieurs partis à améliorer la liberté de la presse et à impulser des mesures efficaces pour soutenir des médias dignes de confiance et lutter contre la désinformation après les élections. Nous regrettons que le parti de l’ancien Premier ministre Robert Fico n’ait pas répondu à notre appel et nous redoublerons de vigilance au cas où celui-ci entrerait au gouvernement, en nous tenant prêts à agir au niveau national comme international.
PS, qui est actuellement en tête des sondages avec Smer-SSD, “est très heureux de s’associer à l’appel”, selon une membre de la présidence du parti, Zora Jaurova. Elle a ajouté que l’appel de RSF “correspond pleinement” au programme de campagne de PS.
Lubica Lassakova, ancienne ministre de la Culture et membre de la présidence de Hlas-SD, créé après la scission de Smer-SSD en 2020, a écrit à RSF que le besoin de “protection de l’exercice du journalisme va de soi”. Soulignant “la nécessaire relation entre la liberté journalistique et la responsabilité journalistique”, elle estime que “le futur gouvernement devra traiter cette question avec l’ensemble des experts et des parties prenantes”.
“Le mouvement politique OLaNO est sans aucune ambiguïté pour le soutien du journalisme indépendant et contre les procédures-bâillons”, déclare son porte-parole à RSF. Matus Bystriansky affirme : “Personne avant nous n’a autant fait pour la sécurité des journalistes que nous en adoptant la législation des médias et en coopérant avec l’ambassade des Pays-Bas et le Centre [d’investigation] Jan Kuciak”, faisant référence ici à la progression de la Slovaquie, ces quatre dernières années, de la 35e à la 17e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. OLaNO a dirigé le gouvernement de mars 2020 à mai 2023.
En mars de cette année, le Centre d’investigation Jan Kuciak, un média indépendant et une ONG créé au nom du journaliste assassiné en 2018, a lancé un nouveau mécanisme pour la sécurité des journalistes avec le soutien de l’ambassade des Pays-Bas en Slovaquie et RSF, et en coopération avec les autorités. Il reste que la Slovaquie est loin de mettre pleinement en œuvre les recommandations de l’UE sur la sécurité des journalistes. Quant aux procédures-bâillons (SLAPPs), elles sont facilitées par la criminalisation de la diffamation, toujours passible d’une peine allant jusqu’à huit ans de prison.
Les Démocrates, créés par les anciens membres d’OLaNO, dont l’ancien président du gouvernement Eduard Heger, “accueillent positivement l’appel de RSF et s’engagent volontiers dans la mise en œuvre des (deux) recommandations de la Commission européenne”, déclare un membre de la présidence du parti, Kristian Cekovsky. Ce dernier a souligné que le programme électoral des Démocrates contient la plupart des mesures demandées par l’UE, telles qu’une meilleure protection des journalistes, la réduction de l’influence politique exercée sur la chaîne publique RTVS et la diminution de la responsabilité pénale de la diffamation.
Liberté et Solidarité (SaS), qui a été au pouvoir avec OLaNO de 2020 à 2023, n’a répondu à RSF que sur la question des SLAPPs. “Le parti soutient entièrement la lutte contre les procédures-bâillons visant à museler les journalistes”, déclare à RSF l’expert juridique et député du SaS Alojz Baranik. La recommandation correspondante de l’UE constitue, selon lui, le “minimum” pour agir.
Enfin, le Mouvement chrétien-démocrate (KDH) “approuve totalement les règles pour la protection de la liberté des médias et le pluralisme, et s’assurera qu’elles seront respectées”, écrit à RSF sa porte-parole Lenka Halamova, qui promet de “préserver un niveau élevé de culture politique et de communication envers tous, y compris les médias”.
Smer-SDD et le Parti national slovaque, qui ont dirigé ensemble le gouvernement entre 2016 et 2020, ainsi que le mouvement Nous sommes une famille, un membre junior de la coalition au pouvoir entre 2020 et 2023, n’ont pas répondu à RSF en dépit de plusieurs requêtes par mail.
Tous les partis et mouvements politiques cités dans ce communiqué de presse bénéficient d’un soutien variable dans les sondages pré-électoraux, allant d’environ 3 à 20 %, le seuil d’entrée au Parlement étant de 5 %.