Session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sous la présidence du Maroc : RSF appelle le royaume à respecter ses engagements pour le respect des droits des journalistes

Alors que la 55e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme des Nations unies s’ouvre à Genève, ce 26 février, sous la présidence du représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies à Genève, Omar Zniber, Reporters sans frontières (RSF) rappelle au royaume du Maroc ses engagements, non encore tenus, en matière de respect des droits des journalistes.

Détentions arbitraires de journalistes, expulsions de reporters étrangers sans motif… RSF appelle les autorités marocaines, dont le représentant a été élu à la tête du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) en janvier, à libérer immédiatement les journalistes emprisonnés et  à se mettre en conformité avec les normes internationales en matière des droits de l’homme.

Le Parlement européen avait alerté sur cette détérioration continue de la liberté de la presse  avec le vote, en janvier 2023, d’une résolution d’urgence demandant la libération des journalistes emprisonnés. Un an après, le Maroc a été choisi pour prendre la présidence tournante du Conseil des droits de l’homme de l’ONU – revenant au continent africain en 2024. Pourtant, la situation n’a pas bougé d’un iota.

Les trois journalistes journalistes marocains – Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni – sont toujours injustement emprisonnés dans des conditions carcérales déplorables, allant jusqu’aux mesures punitives et au défaut de soins. Les journalistes critiques du pouvoir font régulièrement l’objet de poursuites judiciaires, à l’instar d’Abdelmajid Amyay, et des journalistes étrangers, tels la photojournaliste indépendante Thérèse Di Campo et le rédacteur en chef adjoint du magazine français Marianne Quentin Müller, en septembre dernier, continuent d’être expulsés du pays sans explication. 

"La désignation du Maroc à la présidence du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ne peut occulter les atteintes à la liberté de la presse commises par cet État. Elle constitue, bien au contraire, un rappel pressant aux autorités marocaines de leur obligation de respecter les droits humains dont celui du droit à l’information découlant de la liberté d’expression. Le Maroc doit de toute urgence se mettre en conformité avec le droit international en la matière, en tout premier lieu, en libérant immédiatement les journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaiman Raissouni.

Khaled Drareni
Représentant de RSF en Afrique du Nord

Or, comme le rappelle la journaliste marocaine, militante des droits de l’homme, Hajar Raissouni à RSF : “À ce jour, les recommandations de l'ONU ne sont pas respectées au Maroc, notamment celles émises par l'équipe chargée des détentions arbitraires concernant les journalistes Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine. L’ONU appelle à leur libération et à une indemnisation pour le préjudice auquel ils ont été exposés.” 

Qualifiant la détention de Taoufik Bouachrine et de Soulaimane Raissouni d’arbitraire, respectivement en novembre 2018 et en avril 2020, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire avait appelé les autorités marocaines à libérer les deux journalistes “sans tarder”, à veiller à ce qu’une enquête indépendante et impartiale soit menée, et à prendre les mesures qui s’imposent contre les responsables de la violation de leurs droits.

Suite à une saisine de RSF, et face à l’inaction des autorités, quatre rapporteurs spéciaux de l’ONU avaient exprimé, le 26 juillet 2021, leurs sérieuses préoccupations quant aux conditions de détention de Soulaimane Raissouni et d’Omar Radi. Un an plus tôt, les actes de harcèlement, de surveillance et d'intimidation contre ce dernier avaient déjà poussé trois experts de l’ONU à interpeller les autorités marocaines.

Plus directement, la rapporteuse spéciale pour les défenseurs des droits humains avait alerté publiquement des “développements inquiétants au Maroc suite au harcèlement et à l'interrogatoire du journaliste Omar Radi”.

Durant toute cette période, RSF n’a eu de cesse d’alerter les procédures spéciales de l’ONU de la dégradation de la situation pour les journalistes au Maroc.

Condamnés à des peines de prison allant de 5 à 15 ans, les journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni ont épuisé toutes les voies de recours judiciaires, la seule issue pour eux reste une grâce royale. Issue à laquelle RSF appelle. Le 29 juillet dernier, le secrétaire général de RSF a annoncé avoir porté une lettre au roi Mohamed VI pour solliciter une grâce pour les trois journalistes détenus dans le pays.

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