Pressions sur le journal Le Matin

Reporters sans frontières s'inquiète des pressions exercées par la police algérienne à l'encontre du quotidien algérien Le Matin et de son directeur Mohammed Benchicou. Contacté par téléphone par l'organisation, Mohammed Benchicou a déclaré hier que la police n'avait établi aucun procès-verbal lors de la fouille à laquelle il avait été soumis à l'aéroport, le 23 août 2003. Le directeur du journal Le Matin a dit être convoqué par la police judiciaire et "craindre d'être arrêté dans les prochains jours". Selon lui, les autorités auraient l'intention de faire fermer le journal. Le 25 août 2003, des policiers auraient ordonné au directeur de la banque du journal de ne pas établir le dernier chèque certifié dont Le Matin a besoin pour finir de payer ses dettes auprès des imprimeries d'Etat. Mohammed Benchicou a ajouté que le journal s'était déjà acquitté des trois quarts des sommes dues. A de très rares exceptions près, l'ensemble des journaux algériens ne publient pas leur bilan annuel ni leur tirage quotidien. Ce manque de transparence est instrumentalisé par les autorités qui exploitent sciemment les failles de la presse algérienne dans le but de l'intimider et de la censurer. La loi existe. Pourtant, la plupart des journaux ne l'observent pas et les autorités ne font pas respecter la loi, laissant s'instaurer une situation de non-droit propice à toutes sortes de manipulations, de chantages et de pressions. Les imprimeries d'Etat ont fait preuve d'un laxisme volontaire en ne réclamant pas pendant longtemps le paiement des factures et abusent aujourd'hui de leur pouvoir pour empêcher certains titres de paraître. A ce règne du non-droit et de l'arbitraire, préjudiciable pour la liberté de la presse, vient s'ajouter le climat délétère d'une campagne pour l'élection présidentielle de 2004 engagée de manière très anticipée. Plusieurs titres de la presse algérienne ont cessé de paraître depuis que les imprimeries d'Etat ont lancé un ultimatum à six journaux, leur réclamant de s'acquitter de leurs dettes parfois très élevées. Liberté et El-Khabar ont payé et sont imprimés. En revanche, Le Matin, Le Soir d'Algérie, L'Expression et Er-Raï ne sont plus imprimés depuis le 18 août 2003. Depuis dix jours, ils sont donc absents des kiosques.
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Updated on 20.01.2016