Lettre à Obama : Signifiez au Président chinois que les États-Unis ne toléreront pas ses mesures répressives
Le président américain Barack Obama tiendra ce jeudi une réunion bilatérale avec le président chinois Xi Jinping à Washington. Reporters sans frontières (RSF) a envoyé une lettre au président américain pour lui exprimer son inquiétude face à la répression de journalistes et net-citoyens par le gouvernement chinois, et notamment face aux intimidations et enlèvements de membres de familles de citoyens chinois installés à l’étranger.
President Barack Obama
The White House
1600 Pennsylvania Ave, NW
Washington, DC 20500
30 mars, 2016
Monsieur le Président,
A l’approche de votre rendez-vous avec le président chinois Xi Jinping, Reporters sans frontières (RSF) souhaite vous faire part de ses inquiétudes concernant les mesures de répression imposées par le gouvernement chinois aux journalistes et bloggeurs en Chine.
Comme vous le savez sans doute, la Chine est l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes et net-citoyens, et est placée 176ème sur 180 pays dans notre classement mondial de la liberté de la presse de 2015. La répression a continué de s’aggraver depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. Une véritable chasse aux sorcières est actuellement menée par les autorités contre les auteurs présumés d’une lettre anonyme qui appelle Xi Jinping à démissionner.
Peu de temps après la mise en ligne de la lettre, le 15 mars, le journaliste chinois Jia Jia a été arrêté à Beijing où il devait embarquer pour Hong Kong. Il a été libéré 10 jours après. Chang Ping, autre journaliste chinois exilé en Allemagne, a condamné l’arrestation de Jia Jia dans un article publié le 25 mars. Quelques jours plus tard Chang Ping a signalé que les autorités chinoises avaient arrêté ses deux frères et sa soeur en Chine et avaient sommé sa famille de le contacter et de lui “demander de cesser immédiatement de publier les articles critiquant le parti communiste chinois.”
Wen Yunchao, (également connu sous le pseudonyme BeiFeng) bloggeur et défenseur des droits de l’homme aujourd’hui installé à New York, a appris que ses parents et son frère avaient été arrêtés par la police chinoise dans le province sud de Guangdong le 22 mars. Wen Yunchao est connu pour ses campagnes sur internet contre la censure en ligne. Les autorités chinoises le soupçonnaient d’être l’auteur de la lettre anonyme, ce qu’il nie.
Selon nos sources, au moins 20 personnes ont été arrêtés en Chine en rapport avec la lettre anonyme appelant à la démission de Xi Jinping. Le fait que la chasse aux sorcières s’étende aux membres de famille des citoyens chinois à l’étranger, dont l’un basé aux États-Unis, illustre l’aggravation des attaques contre la liberté d’expression et le mépris flagrant des autorités chinoises pour le droit international.
Les États-Unis ont le devoir de garantir les libertés fondamentales de tous ceux qui vivent sur son territoire. Aujourd’hui les droits de Wen Yunchao, demandeur d’asile qui habite aux États-Unis, sont bafoués par un gouvernement étranger qui harcèle les membres de sa famille à des milliers de kilomètres, dans une totale impunité.
Lors de votre rencontre avec le président chinois, il est primordial que vous envoyiez un message clair : les États-Unis ne peuvent pas tolérer ces atteintes à la liberté de la presse et de l’information en Chine, quels que soient les partenariats économiques noués par vos deux pays.
Je vous remercie d’avance, Monsieur le Président, pour l’attention que vous accorderez à cette lettre.
Delphine Halgand
Directrice de Reporters sans frontières aux États-Unis