Des journalistes torturés en Syrie
Organisation :
La liberté de la presse n'existe pas en Syrie : aucun média indépendant n'est autorisé à paraître. Seuls trois journaux officiels, Al-Baath, Teshrine et Al-Thaoura, chargés de relayer la propagande d'Etat, sont publiés. Les journaux étrangers, les radios et télévisions d'Etat sont strictement contrôlés. En guerre avec Israël, le pays est soumis à l'état d'urgence depuis 1963, ce qui confère aux forces de sécurité des pouvoirs exceptionnels (arrestations sans mandat, détention au secret, tortures) et restreint de manière permanente les libertés fondamentales des citoyens.
Au moins dix journalistes seraient détenus actuellement dans les prisons syriennes pour des activités non violentes telles que l'appartenance présumée à des groupes politiques ou de défense des droits de l'homme non autorisés. Mais le système étant particulièrement opaque, il n'est pas certain que d'autres journalistes ne soient pas emprisonnés. Les procès de ces dix journalistes, condamnés à des peines allant de huit à quinze ans de prison, et souvent de travaux forcés, ont tous eu lieu à huis clos devant la Cour suprême de sûreté de l'Etat, créée en 1968 dans le cadre de la loi d'état d'urgence. Le fonctionnement de ce tribunal d'exception déroge aux principes énoncés dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, signé par la Syrie. Il n'est ni indépendant ni impartial, les débats ne sont pas publics et encore moins contradictoires, l'assistance d'un avocat est souvent refusée à l'accusé, les aveux obtenus par la torture sont utilisés comme preuves, aucune procédure d'appel n'est possible.
On estime actuellement à trente-six le nombre de prisons en Syrie où sont détenus des prisonniers politiques. Les plus importantes sont la prison militaire d'Al-Mezze, à l'ouest de Damas, avec environ 300 prisonniers, la prison de Seydnaya, au nord de Damas, avec 4 000 détenus, et enfin la plus redoutable pour la cruauté des mauvais traitements, la prison militaire de Tadmour, en plein désert de Palmyre, où se trouvent environ 5 000 détenus. En plus des tortures qui y sont pratiquées, ces centres de détention se caractérisent par des conditions d'hygiène lamentables : les prisonniers ne sont autorisés à aller aux toilettes qu'une ou deux fois par jour et à ne se doucher à l'eau froide qu'une fois par semaine, les cellules sont jonchées d'ordures, les détenus ne sortent jamais à la lumière, le linge n'est pas lavé, etc. La nourriture de mauvaise qualité et en petite quantité est la cause d'infections (ulcères, insuffisance rénale, maladies chroniques dues à l'affaiblissement du système immunitaire, etc.). Le manque de chauffage et l'humidité provoquent de nombreux cas de tuberculose (246 ont été recensés de 1981 à 1991, dont 105 à Tadmour). Certains prisonniers souffrent également de troubles psychologiques, aboutissant parfois à la folie, qui peut être irréversible, et à des crises d'hystérie, en raison de l'intensité des tortures subies.
L'usage de la torture est systématique lors du placement en détention. Les interrogatoires se caractérisent par leur extrême violence, facilitée par la détention au secret (le détenu ne peut voir ni un avocat, ni un médecin, ni sa famille). Le détenu est généralement laissé dans une cellule isolée, plusieurs jours, privé de sommeil, parfois de nourriture et d'eau. L'accusé doit reconnaître les chefs d'inculpation portés contre lui. Dans une deuxième phase, la torture proprement dite commence : quarante types de sévices ont été recensés. Le plus courant est "la chaise allemande" : cette chaise métallique comprenant des parties mobiles provoque une extension extrême de la colonne vertébrale, qui entraîne une quasi-asphyxie et parfois la fracture des vertèbres, et une paralysie des membres inférieurs. Le prisonnier subit toutes sortes de tortures aussi bien physiques que morales, dont les séquelles peuvent parfois être permanentes. Souvent, il est soumis aux cris des autres prisonniers torturés. Il arrive que le détenu soit torturé pendant toute la durée de son incarcération, parfois des dizaines d'années. L'objectif de la torture est autant d'obtenir des aveux que de casser la volonté du détenu par l'humiliation et la négation de toute humanité. Des témoignages font état de prisonniers décédés à la suite de tortures : certains meurent de pneumonie après avoir été laissés inanimés dans des bains glacés pendant plusieurs jours. D'autres sont morts suite aux coups, aux décharges électriques, aux fractures ou aux brûlures. Un jeune Jordanien, Mohammad Salim Hammad, emprisonné pendant onze ans à Tadmour, de 1980 à 1991, a pu établir une liste de 69 personnes exécutées ou mortes sous la torture pendant la durée de sa détention (témoignage recueilli par l'association, basée à Londres, Syrian Human Rights Committee).
La prison de Tadmour est l'emblème de la répression la plus féroce contre les prisonniers d'opinion. Les conditions de détention y sont extrêmement difficiles, à la limite de la survie. Au milieu du désert, soumise à des températures glaciales l'hiver et caniculaires l'été, la prison est située sous terre. Les prisonniers y sont conduits par mesure punitive. Par exemple, suite à un attentat manqué contre le Président Assad, le 27 juin 1980, des membres des unités des Brigades de défense, sous le commandement de Rif'at El-Assad, frère du chef de l'Etat, ont pénétré dans la prison de Tadmour et assassiné certains prisonniers dans les cellules et les dortoirs. Le massacre aurait fait entre six cents et mille victimes. De nombreux témoignages d'anciens détenus soulignent que, dans les autres prisons où les conditions sont déjà éprouvantes, les gardiens menacent les détenus rebelles d'un transfert à Tadmour. Sa simple évocation suscite une véritable terreur chez les prisonniers.
La pratique de la torture à l'encontre de journalistes est avérée par divers témoignages :
- Faraj Birqdar, journaliste et poète. Arrêté en mars 1987, il est incarcéré à la prison de Seydnaya après avoir été détenu au secret pendant sept ans. Il a été condamné à quinze ans de détention, le 17 octobre 1993, pour appartenance au Parti d'action communiste. Privé de soins médicaux pour les blessures causées par les tortures (il aurait subi à plusieurs reprises le supplice de "la chaise allemande"), il souffre de lésions des vertèbres et d'une fracture lombaire. Dans sa déclaration devant la Cour suprême de sûreté de l'Etat, il a dénoncé les tortures qu'on lui a fait subir.
- Rida Haddad, journaliste et opposant politique emprisonné de 1980 à 1995. Né à Beyrouth en 1954, il est membre du Parti de l'action communiste dans les années 1970 et travaille comme journaliste. Le 15 octobre 1980, à Damas, il est arrêté lors d'une vague de répression contre le Parti communiste syrien, un parti d'opposition, clandestin depuis 1971. En 1993, il est jugé par la Cour suprême de sûreté de l'Etat et condamné à quinze ans de prison. A sa libération, à l'automne 1995, il apprend qu'il est atteint d'une leucémie. Mais les autorités syriennes refusent de le laisser partir en Allemagne pour une greffe de la moelle épinière susceptible de le guérir. Le 10 juin 1996, Rida Haddad meurt à l'hôpital français de Damas et laisse un témoignage sur ses années de prison et de torture.
Il décrit, avec force détails, les sévices inhumains et les humiliations quotidiennes dont il a été victime et l'acharnement de ses geôliers à détruire toute dignité chez les détenus. "Dans ces circonstances, tu es obligé de vivre dans un lieu totalement étranger à toi, par son architecture, qu'il soit une citadelle ayoubite ou une prison moderne avec des couloirs et de vastes cours. Tu vis constamment les nerfs à vif. A la prison, tout homme perd son intimité et son individualité. Il devient un autre. Non parce qu'il y a des règles limitant ses droits et ses devoirs, mais parce qu'il subit entièrement les états d'âme et les changements d'humeur de ses geôliers. (...) Parfois, des agents créent artificiellement une occasion pour torturer un prisonnier afin de prouver au régime leur fidélité et leur habileté. (...) Le plus terrible, c'étaient les nuits quand nous étions réveillés par les bruits et les cris des torturés lors des interrogatoires. C'était le bruit des câbles et des bâtons sur des corps humains, accompagnés par des cris sauvages. C'était horrible, tes nerfs étaient à bout. Tous tes sens, tes peurs, tes soupçons, endormis, se réveillaient à nouveau. Quelque chose se brisait dans ton for intérieur. Malgré le fait que cela arrivait plusieurs fois par semaine, j'étais souvent incapable de supporter ces cris remplis de douleur et de souffrance, je tremblais et mes larmes coulaient abondamment et trahissaient mon humiliation et mon oppression, notamment lorsque la victime était une femme. (...) Des crises de convulsion et d'hystérie étaient périodiques. Les cauchemars nocturnes étaient quotidiens chez les uns et périodiques chez d'autres. C'étaient la pression, la panique, la terreur et la peur de passer le restant de nos jours en prison. Car tout est possible. Le pouvoir est tout puissant et il peut faire ce que bon lui semble. Comment un individu peut-il supporter toutes ces souffrances sans sombrer dans la folie ?"
- Nizar Nayyouf, journaliste et militant des droits de l'homme. Lauréat du Prix Reporters sans frontières-Fondation de France 1998, Nizar Nayyouf, 43 ans, rédacteur en chef du mensuel La voix de la Démocratie, membre du secrétariat général de l'organisation des droits de l'homme, les Comités de défense des libertés démocratiques en Syrie (CDF), a été arrêté le 2 janvier 1992. Il s'est rendu après vingt-deux jours en fuite alors que sa femme et sa fille étaient détenues à sa place. Il a été condamné par une cour militaire, le 17 mars 1992, à dix ans de travaux forcés.
Nizar Nayyouf a passé dix mois à la prison de Seydnaya, dans la banlieue de Damas, avant d'être transféré, le 6 février 1993, à la prison militaire de Tadmour, suite à sa tentative d'organiser une rébellion parmi les détenus de Seydnaya. Pendant six mois, il est torturé deux heures par jour. En juillet 1993, il entame une grève de la faim de treize jours qui le laisse très affaibli. Après avoir réussi à faire sortir un témoignage sur les tortures et les meurtres pratiqués à Tadmour (de nombreux prisonniers y meurent sous la torture), il a été transféré à la prison militaire de Mezze, à Damas. Nizar Nayyouf souffre de nombreuses séquelles des conditions de détention et des tortures qu'il a subies : il est paralysé des membres inférieurs à cause de fractures des vertèbres provoquées par la "chaise allemande", par des crucifixions la tête en bas et par de nombreux coups avec des barres de fer. Suite à une fracture de l'occiput, il devient progressivement aveugle. Il souffre également de dermatoses dues à des brûlures de cigarettes mal cicatrisées, et d'hémorragies à l'estomac provoquées par ses nombreuses grèves de la faim et la nourriture souillée par l'urine de ses geôliers. Ses conditions de détention sont particulièrement inhumaines : il est enfermé dans une cellule de 2,5 m sur 3 et n'a jamais vu le soleil depuis sept ans. En raison de sa paralysie, il doit ramper sur le sol de sa cellule pour aller aux toilettes et se laver à l'eau froide.
En février et mars 1992, une avocate jordanienne a assisté au procès devant la Cour suprême de sûreté de l'Etat de l'avocat Aktham Nouaisseh et de ses seize coaccusés, parmi lesquels Nizar Nayyouf. Dans son rapport à la Commission internationale des juristes (CIJ) à Genève, qui l'avait mandatée, Me Asma Khader fait état de plaintes de torture par les accusés. Les prévenus ont été inculpés en vertu de l'article 4 du décret-loi de 1966 qui condamne "l'opposition à l'accomplissement de l'unité entre pays arabes, l'opposition à l'un des objectifs de la Révolution, l'obstruction à la réalisation de ces objectifs en se livrant à des manifestations, des rassemblements ou des actions troublant l'ordre public, ou en incitant à s'y livrer, la publication de fausses nouvelles en vue de créer du désordre et d'ébranler la confiance des masses vis-à-vis des objectifs de la Révolution." Ils ont également été inculpés pour "réception d'argent (...) d'un pays ou d'un organisme étranger (...)". Les preuves présentées par l'accusation consistaient en les aveux des accusés, une somme d'argent qui avait été saisie, et un exemplaire d'un tract publié par le secrétariat des CDF daté du 10 décembre 1991. La défense a fait valoir que les déclarations des accusés avaient été obtenues sous la contrainte, ces derniers ayant été torturés. Aucune des allégations de tortures n'a fait l'objet d'un examen par le tribunal, aucun des détenus n'a été ausculté par un médecin. L'avocate témoigne que Aktham Nouaisseh et Nizar Nayyouf avaient l'air épuisé et devaient être soutenus par leurs coaccusés pour se déplacer. Pour elle, les signes de torture étaient évidents.
Nizar Nayyouf est, depuis plusieurs mois, atteint d'un cancer d'Hodgkin (leucémie) qui est une maladie curable si elle soignée suffisamment tôt par chimiothérapie. Les autorités militaires qui le détiennent lui ont clairement signifié qu'il ne serait soigné qu'à condition qu'il signe un communiqué reconnaissant avoir "fait de fausses déclarations concernant la situation des droits de l'homme en Syrie" et qu'il s'engage à abandonner toute activité politique. Le refus de soins médicaux est assimilé à un acte de torture par les conventions internationales.
Recommandations
Reporters sans frontières demande instamment au gouvernement syrien de
a) libérer immédiatement et sans conditions les journalistes emprisonnés pour avoir voulu exercer leur droit à la liberté d'expression, tel que garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, signé par la Syrie,
b) abolir la loi sur l'état d'urgence de 1963 et la Cour suprême de sûreté de l'Etat, tribunal d'exception, et rétablir les normes internationales en matière de procès et de procédure judiciaire (présence d'un avocat, possibilité d'interjeter appel contre toute décision de justice, notification à l'accusé des chefs d'inculpation, interdiction de la détention prolongée sans jugement, etc.),
c) supprimer l'usage de la torture et des mauvais traitements dans les prisons et les centres d'interrogatoire, et l'utilisation d'aveux extorqués sous la torture comme "preuves",
d) prendre des sanctions, judiciaires et administratives, prévues par le code pénal syrien, à l'encontre des responsables de telles exactions, qu'ils soient fonctionnaires de police, de l'administration pénitentiaire ou de l'institution judiciaire,
e) instituer un organisme indépendant et impartial chargé d'inspecter les lieux de détention et d'enquêter sur les cas de mort en détention, de mauvais traitements et de torture dont il aurait été saisi directement par les détenus ou leur famille,
f) adhérer à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1984, et procéder à sa mise en œuvre,
g) garantir les conditions d'une réelle pluralité de l'information, avec, en particulier, la fin de la répression de toute expression indépendante du discours officiel et la suppression du monopole de l'Etat en matière de presse écrite et d'audiovisuel,
h) autoriser l'entrée sur le territoire syrien de publications et de journalistes étrangers, et permettre à ces derniers d'effectuer des reportages et des interviews sans surveillance ni restrictions.
Reporters sans frontières
Secrétariat International
Bureau Maghreb Moyen-Orient
5, rue Geoffroy Marie - 75009 Paris France
Tél : (33) 1 44 83 84 84
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Dix journalistes sont emprisonnés en Syrie au 08.03.99
Lauréat du Prix Reporters sans frontières-Fondation de France 1998, Nizar Nayyouf, journaliste indépendant, collaborateur de l'hebdomadaire Al-Huriyya et du magazine Al-Taqafa al-Ma'arifa, et membre des CDF (Comités de défense des libertés démocratiques), a été arrêté le 2 janvier 1992. Il a été condamné, par une cour militaire, à dix ans de travaux forcés pour avoir rédigé des tracts des CDF. En danger de mort, il souffre d'un cancer d'Hodgkin, curable s'il est traité rapidement par chimiothérapie. De plus, Nizar Nayyouf souffre de nombreuses séquelles de ses conditions de détention et des tortures qu'il a subies.
Ismail Al-Hadjie, journaliste arrêté en janvier 1982, est accusé d'appartenir au parti Baas démocratique et socialiste et condamné à quinze ans de prison en juin 1994.
Faysal Allush, journaliste et écrivain, arrêté en 1985, n'a été jugé que le 28 juin 1993 et condamné à quinze ans de prison. Il est accusé d'appartenir au Parti de l'action communiste.
Samir Al-Hassan, journaliste palestinien à Al Asifa, également éditeur de la revue Fatah al-Intifadha, a été arrêté le 1er avril 1986. Son procès n'a débuté qu'en juillet 1993 devant la Cour de sûreté de l'Etat, qui l'a condamné, le 6 juin 1994, à quinze ans de prison. Il est accusé d'être membre du Parti de l'action communiste.
Anwar Bader, reporter à la radiotélévision syrienne, arrêté, le 6 décembre 1986, par la sécurité militaire qui l'aurait torturé, serait détenu à la prison de Seydnaya. Condamné à douze ans de prison, pour appartenance au Parti de l'action communiste, il aurait dû être libéré en décembre 1998. Sa libération n'a toujours pas eu lieu à ce jour.
Faraj Ahmad Birqdar, journaliste et poète, arrêté en mars 1987 et interrogé par la sécurité militaire qui l'aurait torturé, serait détenu à la prison de Seydnaya après avoir passé sept ans au secret. Jugé par la Cour de sûreté de l'Etat en 1993, il a été condamné à 15 ans de prison. Les soins médicaux nécessaires aux lésions à la colonne vertébrale causées par la torture lui ont été refusés.
Salama George Kila, journaliste à Al Wahda et Dirasat Arabia, arrêté en mars 1992, a été jugé en juillet 1993 par la Cour de sûreté de l'Etat et condamné à huit ans de prison. Accusé d'être membre des CDF - à la suite d'un article consacré à la censure en Syrie paru dans un journal jordanien -, il semble qu'il ait été torturé.
Qaiss Darwish, journaliste pour le magazine Al Ka'ayda, a été arrêté en août 1984, accusé d'appartenir au Parti d'Action Communiste et condamné à quinze ans de prison.
Nou'man Abdo, journaliste à Al-Tarik, est détenu depuis 1992. En 1993, il a été condamné à quinze ans de prison. En juillet 1998, il a été transféré à la prison de Tadmour, où les conditions de détention sont particulièrement cruelles.
Marwan Mohammed, journaliste à Al-Ba'th, a été arrêté le 18 octobre 1987, accusé d'être membre du Parti d'Action Communiste. En 1993, il a été condamné à 10 ans de prison.
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Updated on
20.01.2016