Après l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale, Radio Free Asia ferme son bureau de Hong Kong

PHOTO: Peter PARKS / AFP

Moins d'une semaine après l'entrée en vigueur à Hong Kong de la loi sur la sécurité nationale, connue sous le nom de “loi Article 23”, le média en ligne Radio Free Asia, financé par les États-Unis, a annoncé qu'il allait fermer son bureau dans le territoire. Reporters sans frontières (RSF) dénonce la pression, toujours plus forte, que le gouvernement hongkongais exerce sur les médias en promulguant cette loi draconienne, dont la violation est passible d'une peine de prison à perpétuité.

Le 29 mars 2024, Radio Free Asia (RFA), un média en ligne financé par le gouvernement américain et connu pour ses enquêtes sur les droits de l'homme dans la région Asie-Pacifique, a annoncé sur son site Internet qu’il allait relocaliser son personnel à plein temps hors de Hong Kong et fermer son bureau local, invoquant des “préoccupations quant à la sécurité du personnel et des journalistes de RFA”. L’organe de presse conservera sa licence pour opérer sur le territoire et couvrira l'actualité hongkongaise depuis l’étranger. “Qualifier RFA de ‘force étrangère’ soulève de sérieuses questions quant à notre capacité à opérer en toute sécurité avec l'entrée en vigueur de l'article 23”, a déclaré le média. Quelques jours avant cette annonce, la presse locale avait rapporté que certains employés de RFA seraient transférés à Washington ou à Taipei.



Cette décision survient moins d'une semaine après l'entrée en vigueur de la “loi Article 23", une nouvelle mouture de la loi draconienne sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020. Le nouveau texte, qui introduit de nouveaux crimes contre la sécurité nationale et alourdit les peines associées aux infractions existantes, a été adopté à la hâte et a suscité de vives craintes quant à son utilisation contre les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse.

“Le retrait annoncé de RFA est une conséquence évidente de l'atmosphère répressive que la “loi Article 23” fait peser sur les médias. Nous exhortons les démocraties à accroître la pression sur les autorités chinoises afin que la liberté de la presse soit pleinement rétablie sur le territoire.”

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Début mars, le gouvernement de Hong Kong avait publié deux communiqués distincts accusant le radiodiffuseur public national du Royaume-Uni, la BBC, de “déformer les faits, après ses reportages sur les lois relatives à la sécurité nationale dans le territoire. En février, RFAle Guardian, le Washington Post, le New York Times et Bloomberg ont également reçu des critiques des autorités condamnant leur traitement de ce sujet.

Depuis l'adoption par le régime chinois de la loi sur la sécurité nationale en juin 2020, le gouvernement de Hong Kong mène une véritable croisade contre le droit à l'information, qui s'est traduite par des actions en justice contre au moins 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont 10 sont actuellement détenus, y compris Jimmy Lai, lauréat du Prix RSF de la liberté de la presse en 2020.

Ces trois dernières années, les autorités ont fermé de force deux grands médias indépendants, le quotidien Apple Daily et le site d’information Stand News, tandis que le climat de terreur instillé à Hong Kong a conduit au moins cinq petits médias à cesser leurs activités.

Hong Kong occupe la 140e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, ayant dégringolé de la 18e place en l'espace de deux décennies. La Chine elle-même occupe la 179e place sur 180 dans le classement. Elle est le pays qui détient le plus grand nombre de journalistes et de défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 109 personnes détenues.

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