Les trois membres du syndicat doivent être innocentées

Reporters sans frontières (RSF) déplore la condamnation en appel le 25 mars dernier à un an de prison avec sursis de l’ancien président du syndicat des journalistes et de deux autres membres, accusés d’avoir abrité deux journalistes “fugitifs” en mai dernier. RSF demande leur acquittement.

Le 25 mars, une cour d’appel du Caire a condamné l’ancien président du syndicat de la presse, Yahya Qallash, ainsi que deux autres membres, Khaled El-Balshy et Gamal Abdel Raheem, à un an de prison avec sursis pour avoir abrité deux reporters recherchés par la justice au sein du syndicat en mai dernier. Cette peine sera appliquée si les trois journalistes font face à des accusations similaires au cours des trois prochaines années.


Cette condamnation est un coup dur porté aux défenseurs des droits de la presse en Egypte, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. Alors que les poursuites à l’encontre des deux reporters ‘fugitifs’ ont elles été abandonnées l’an dernier, l’ex-président du syndicat et ses collaborateurs demeurent condamnés, envoyant ainsi un message d’intimidation à l’encontre des journalistes. Les trois figures du syndicat doivent être innocentées”.


Selon nos sources, l’ancien président, l’ex-directeur du comité des libertés et l’ex-secrétaire général au sein du syndicat vont faire appel de la décision dans les prochains jours auprès de la Cour de Cassation. Cette dernière audience a été reportée plusieurs fois, et s’est déroulée après les élections du syndicat, le 17 mars dernier. Le nouveau président du syndicat n’est autre que le rédacteur en chef du journal pro-gouvernemental Al-Ahram.


Khaled El-Balshy a réagi sur son compte Facebook en insistant sur la poursuite du combat : “Nous continuerons cette lutte, quel que soit le prix à payer (...) Elle est plus vaste qu’une simple lutte du syndicat des journalistes, il s’agit d’un combat pour la liberté, la démocratie et la justice dans le pays, une lutte pour faire face à la censure de toute voix qui essaye de parler {...}”


Un tribunal de première instance avait condamné ces trois membres, le 19 novembre dernier à deux ans de prison pour avoir abrité les journalistes du site d’opposition Yanair Mahmoud Saqqa et Amr Badr au sein du bâtiment. Ces derniers avaient été arrêtés à la suite du raid policier à l’encontre du syndicat le 1er mai dernier et poursuivis pour avoir incité à manifester et avoir propagé de fausses informations autour de la rétrocession des deux îles de la mer Rouge à l’Arabie saoudite en mai 2016. Ils avaient été libérés quelques mois après et les charges ont été abandonnées.


L’Egypte reste l’une des plus grandes prisons du monde avec 24 journalistes derrière les barreaux. La détention provisoire du journaliste freelance et spécialiste du Sinaï Ismail Alexandrani a été renouvelée le 25 mars pour la quatrième fois depuis la décision de la cour criminelle de le libérer en novembre 2016. Accusé de propager de fausses informations et d’appartenance à un groupe terroriste, il est en prison depuis novembre 2015 sans jugement.


Le pays est situé à la 159e place (sur 180) du Classement 2016 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 28.03.2017