Un cinquième journaliste tué depuis le début de l'année, d'autres sont victimes d'agressions et de tentatives d'enlèvement

Reporters sans frontières adresse ses sincères condoléances à la famille et aux proches d'Abdul Razaq Gul, reporter de la chaîne télévisée Express News TV et secrétaire du Turbat Press Club. Son corps a été retrouvé le matin du 19 mai 2012 à Turbat, au sud du Baloutchistan. L'organisation se déclare en outre très inquiète pour la sécurité de l'ensemble des professionnels de l'information pakistanais, suite à la tentative d'enlèvement du journaliste Zahid Merokhel, le 7 mai 2012 à Peshawar, dans la région de Khyber Pakhtunkhwa (Nord) et aux attaques de trois reporters par la police, dans la même région, le 11 mai dernier. «Les autorités doivent œuvrer activement à la protection des journalistes, trop souvent victimes d'agressions, de menaces, de tentatives d'enlèvement et même de meurtres. Abdul Razaq Gul est le cinquième journaliste assassiné depuis le début de 2012. Avec 26 journalistes tués, le Pakistan est depuis deux ans le pays le plus meurtrier pour les professionnels de l'information. Il est temps pour les autorités de mettre fin à cette hécatombe !», a déclaré Reporters sans frontières. Meurtre d'Abdul Razaq Gul et tentative d'enlèvement de Zahid Merokhel Abdul Razaq Gul avait été enlevé le 18 mai dans la soirée, alors qu'il rentrait en moto à son domicile. Son corps a été retrouvé, le lendemain matin, près de l’hôpital de Turbat. Selon des sources médicales, il présentait des signes de torture et des impacts de balles au front et à la poitrine. Abdul Razaq Gul, âgé d'une trentaine d'années, travaillait pour Express News TV depuis 2002. Le Balochistan Union of Journalists (BUJ) a décrété trois jours de deuil et le Council of All Balochistan Press Club a annoncé l'organisation de manifestations si les coupables n'étaient pas identifiés avant le 1er juin prochain. Le meurtre d'Abdul Razaq Gul, rappelle ceux des journalistes Tariq Kamal et Murtaza Razvi, dans la région voisine de Sindh, retrouvés morts, le 9 mai et 19 avril, quelques jours après leur enlèvement. Par ailleurs, Aurengzeb Tunio et Mukarram Khan Atif avaient été assassinés respectivement le 10 mai, dans la province de Sindh, et le 17 janvier, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Le 7 mai 2012, un autre journaliste, Zahid Merokhel, a échappé à une tentative d'enlèvement. Agressé par trois hommes en pleine rue, près de la forteresse historique de Bali Hisar à Peshawar, il a été roué de coups. Ses agresseurs l'ont fait monter dans un pick-up. Le journaliste doit son salut à une panne du véhicule. Selon Zahid Merokhel, la tentative d'enlèvement pourrait être liée à un reportage, relatif à l'implication de certains membres du gouvernement dans l'évasion d'un prisonnier, publié le 5 mai sur le journal en langue ourdou Nai Baat. Agression de Sher Ali Kha, Siraj Ali et Shabbir Ahmed Par ailleurs, le 11 mai dernier, le journaliste freelance Sher Ali Kha, le caméraman de Geo News TV, Siraj Ali, et le correspondant de l'hebdomadaire Pakhtunkhwa Times, Shabbir Ahmed, ont été agressés par la police alors qu'ils couvraient une manifestation dans le district de Charsadda, région de Khyber Pakhtunkhwa (Nord). Les policiers voulaient les empêcher de filmer les affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre. Sher Ali Kha, blessé à la tête et aux doigts, a dû être hospitalisé quatre jours. Ils ont porté plainte le 14 mai, une fois sortis de l’hôpital. Les 19 mai à Charsadda et 21 mai à Peshawar, la communauté des médias a fait entendre sa voix lors de deux manifestations. Le Pakistan se situe à la 151e place, sur 179 pays recensés, dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 de Reporters sans frontières. Le Baloutchistan fait partie des dix lieux les plus dangereux au monde pour les journalistes identifiés en 2011.
Publié le
Updated on 20.01.2016