Les deux assassins présumés du cameraman Chebeya Bankomé condamnés à mort par un tribunal militaire

Le 17 avril 2010, douze jours après le meurtre de Patient Chebeya Bankome, le tribunal militaire de garnison de la ville de Béni (au nord-est du pays) a condamné à mort deux militaires congolais, le sergent Paluku Selemani Ngewese et le sous-lieutenant Songa Safari, accusés d'avoir tué le reporter cameraman devant chez lui le 5 avril 2010. Le troisième prévenu, le capitaine Bisimwa, a quant à lui été condamné à cinq ans de prison ferme pour "violation des consignes". "L'enquête menée par les autorités congolaises et visant à trouver les coupables a été effectuée dans un délai extrêmement court. Pour une condamnation aussi grave que la peine capitale, il faut s'assurer que les personnes arrêtées soient bien les véritables responsables. Nous demandons l'ouverture d'une contre-enquête par un tribunal civil afin de vérifier que l'enquête initiale a été suffisamment approfondie " a déclaré Reporters sans frontières. Selon l'organisation Journaliste en danger (JED), la veuve de Patient Chebeya Bankome, principal témoin dans l'affaire, a déclaré lors de l'audience militaire que le physique des trois accusés ne correspondait pas à celui des personnes qu'elle avait vues la nuit de l'assassinat de son mari. -------------------------------------------------------- 06.04.2010 - Un cameraman tué par balles dans l'est du pays Reporters sans frontières exprime son émotion et sa colère après l'assassinat, le 5 avril 2010, dans la soirée, de Patient Chebeya Bankome, dit Montigomo. Le cameraman a été tué par balles, sous les yeux de son épouse, alors qu'il regagnait son domicile, dans la ville de Béni (province du Nord-Kivu). "Si elles traitent cette affaire avec sérieux, indépendance, et en ne négligeant aucune piste, les autorités congolaises ont l'occasion de mettre enfin un terme à l'impunité dont bénéficient jusqu'à présent les assassins de journalistes. Tous les regards sont donc tournés vers elles. Ce nouveau crime odieux, le sixième en cinq ans pour un professionnel des médias dans l'est de la RDC, rappelle combien les journalistes sont exposés à la violence dans cette partie de l'Afrique", a déclaré l'organisation. Le 5 avril, aux alentours de 22 heures, Patient Montigomo, cameraman indépendant travaillant pour plusieurs télévisions dont la chaîne publique Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC), a été dépouillé de son sac contenant des cassettes vidéo, son téléphone portable et de l'argent liquide, avant d'être abattu de quatre balles à bout portant. Selon le témoignage de son épouse, qui a assisté à la scène, les trois assaillants, en tenue militaire, attendaient le journaliste devant sa maison et ont déclaré être venus spécialement pour le tuer. Deux suspects, un sous-lieutenant et un premier sergent-major, tous deux membres de la base logistique des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ont été arrêtés rapidement après le crime. "Il ne s'agissait pas d'une embuscade mais d'un coup bien monté. C'est un événement malheureux que nous condamnons fermement", a déclaré à Reporters sans frontières le maire de Beni, Mufunza Bayengo. Agé de trente-cinq ans, Patient Montigomo avait couvert la plupart des conflits armés de l'est de la RDC, notamment celui de la province de l'Ituri. Après Pascal Kabungulu, Serge Maheshe, Patrick Kikuku, Didace Namujimbo et Bruno Koko Chirambiza, il est le sixième journaliste tué dans cette région depuis cinq ans. En décembre 2008, un mois à peine après le meurtre, à Bukavu, du journaliste de Radio Okapi Didace Namujimbo, Reporters sans frontières s’était rendue sur place pour enquêter sur ce drame et pour rencontrer les autorités civiles et militaires du Kivu Sud. Dans un rapport intitulé "Bukavu, la cité des meurtres", publié en mars 2009, l’organisation avait dénoncé les confiscations répétées des enquêtes par les militaires et avait appelé le président Joseph Kabila et son gouvernement à mettre sur pied une commission judiciaire spéciale, chargée de faire la lumière sur les assassinats de journalistes et de militants des droits de l’homme. Cette requête est restée sans suite. Télécharger le rapport .
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Mise à jour le 20.01.2016

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