Yémen : dix journalistes détenus par les houthis risquent la peine de mort

Dix journalistes détenus par les houthistes depuis 2015 doivent être jugés par un tribunal houthiste pour “collaboration avec l’ennemi”. Ils risquent l’exécution. Reporters sans frontières (RSF) demande l’abandon des poursuites contre eux et leur libération immédiate.

Dix journalistes détenus depuis 2015 par les houthis, les rebelles qui contrôlent Sanaa, la capitale yéménite, risquent la peine de mort. Ils ont appris le 19 février dernier qu’ils étaient accusés de “collaboration avec l’ennemi” par le Tribunal Pénal Spécial houthi, une accusation passible de la peine capitale.


“Après avoir été arbitrairement privés de liberté par les houthis pendant quatre ans, détenus dans des conditions déplorables, et avoir été victimes de torture, ces dix journalistes risquent à présent d’être exécutés, dénonce Sophie Anmuth, en charge du bureau Moyen-Orient à RSF. Leur calvaire n’a que trop duré, RSF demande leur libération immédiate et sans condition.”


Certains de ces journalistes gardent des séquelles physiques lourdes des tortures qu’ils ont subies, d’après des informations recueillies par une ONG yéménite, l’Association des mères des détenus. Des aveux forcés filmés auraient été obtenus de plusieurs d’entre eux. Plusieurs de ces journalistes ont également été affamés, et leur état psychologique est très dégradé. L’année dernière, le journaliste Anwar El Rakan, détenu par les houthis pendant près d’un an, est mort de maladie et de faiblesse deux jours après sa libération.


Les dix journalistes Tawfiq Al-Mansouri (Masdar TV), Esam Belghaith (Radio Nass), Hassan Annab (Yemen Youth TV), Hisham Tarmoum (Masdar TV), Hisham Al-Yousfi (Yemen Youtube), Haitham Al-Shehab (AlAhali.com), Akram Al-Walidi (Alrabie-ye.net), Hareth Homaid (AlSahwa net, Alrabie-ye.net), Abdel Khaleq Omran (Islah online), Salah Al-Qaedi (Suhail TV)  travaillent pour des  médias qui sont considérés proches du parti Islah. En 2015, ce parti avait exprimé son soutien à la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite et les Emirats, contre les rebelles houthis, en soutien au gouvernement officiel. Les dix journalistes auraient été enlevés par les Houthis au motif absurde qu’ils auraient pu fournir des informations dont la coalition arabe aurait pu se servir pour ses bombardements aériens, selon un rapport d’Amnesty International.


En tout, au moins 17 journalistes sont retenus en otage au Yémen : 16 journalistes et journalistes-citoyens par les Houthis et un par Al Qaeda. Les exactions commises contre les journalistes et les pressions à la fois politiques et économiques, dûes à la guerre civile et au blocus imposé par la Coalition arabe, ont étouffé l’indépendance des médias. 


Le Yémen figure à la 167e place sur 180 du Classement 2018 établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Mise à jour le 12.03.2019