Une centaine d’amendes en moins d’un an : le matraquage financier des journalistes bélarusses atteint des sommets

Déjà près d’une centaine d’amendes cette année pour les journalistes qui travaillent avec des médias en exil : le Bélarus explose son propre record. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cet acharnement croissant et appelle les partenaires internationaux de Minsk à réagir.

La pression financière atteint des proportions inédites : pas moins de 99 amendes ont déjà été infligées en 2018 à des journalistes bélarusses qui ont “travaillé avec des médias étrangers sans accréditation”. Quatre-vingt onze d’entre elles ont été infligées à des correspondants d’une seule chaîne, Belsat TV, exilée en Pologne. 



« Cette cascade d’amendes sans précédent ne vise qu’à museler les journalistes indépendants, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Elle s’inscrit dans le cadre d’une campagne de harcèlement tous azimuts à l’encontre des dernières voix critiques du pays. Les partenaires internationaux du Bélarus doivent de toute urgence inciter les autorités à y mettre un terme. »


Le prétexte est classique : les autorités bélarusses poussent les médias indépendants à l’exil puis refusent d’accréditer leurs correspondants, ce qui les contraint à travailler dans l’illégalité. Le matraquage financier, en revanche, est exponentiel : 10 amendes avaient été prononcées sur ce fondement en 2016, et 69 en 2017.


Certains journalistes font l’objet d’un acharnement particulier : déjà condamné à dix amendes l’an dernier, le collaborateur de Belsat TV Kastous Joukowski en a reçu douze en 2018 pour un total de 4 700 euros. Sa collègue Volha Tchaïtchyts, condamnée sept fois en 2017, en cumule neuf cette année pour un montant de 3 880 euros. Le salaire mensuel moyen au Bélarus tourne autour de 400 euros.


Aux côtés de l’Association bélarusse des journalistes (BAJ) et de nombreuses organisations internationales, RSF réclame une réforme de la loi sur l’accréditation des médias étrangers depuis son adoption en 2008. Las, loin d’assouplir le dispositif, les autorités n’ont de cesse de durcir la législation sur les médias. Des amendements adoptés en juillet étendent entre autres le système d’accréditation aux médias en ligne. Et un récent décret du Conseil des ministres soumet toute autorisation d’émission pour un média étranger à une inspection de son contenu par une commission placée sous l’égide du ministère de l’Information.


Le Bélarus occupe la 155e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018, établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 14.11.2018