Thaïlande : la chaîne de télévision Peace TV de nouveau suspendue

La Commission Nationale de Radiodiffusion et Télécommunications (NBTC) a de nouveau suspendu la licence de la chaîne de télévision satellite Peace TV pendant 15 jours. Reporters sans frontières (RSF) condamne le harcèlement de la junte militaire thaïlandaise contre ce média d’opposition et appelle les autorités à revenir sur leur décision.

Une fois encore, la chaîne satellite Peace TV est bannie des écrans de télévision thaïlandais. Thida Thavornseth, l’une des dirigeantes de la chaîne proche des Chemises rouges, ou Front national uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD), a annoncé mardi 6 février sur son compte Facebook la suspension temporaire de la licence de la chaîne, sur décision de la NBTC, l’organisme de régulation des médias. Ainsi, Peace TV est interdite de diffusion pendant 15 jours, à compter d'aujourd'hui.


“RSF condamne fermement cette violation flagrante de la liberté de la presse, qui remet largement en cause le pluralisme, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Il est intolérable que la junte militaire continue de censurer les médias si elle souhaite tenir des élections en novembre 2018, comme elle le prétend. Permettre aux journalistes de faire leur travail est le meilleur moyen d’assurer une transition démocratique le plus tôt possible.”


Média proche des partisans de l’ancien Premier ministre en exil Taksin Shinawatra, Peace TV est dans le collimateur de la junte militaire depuis le coup d’Etat de 2014. Auparavant nommée UDD Channel, elle n’a pu recommencer à opérer qu’en changeant de nom et a depuis vu sa licence être suspendue à quatre reprises par la NBTC. Cette fois, c’est la diffusion de l’émission “Direction of Thai Democracy” en octobre 2017 qui est mise en cause par l’organisme de régulation, pour avoir interviewé des soutiens des cadres de l’UDD.


Sous la dictature de Prayuth Chan-ocha, la junte militaire n’a cessé d’entraver la liberté de la presse en Thaïlande, n’autorisant aucune critique du régime instauré depuis le coup d’Etat du 22 mai 2014. Les journalistes et blogueurs sont contraints à l’autocensure, sous peine d’être poursuivis en justice et condamnés à de lourdes peines de prison, souvent pour diffamation ou sédition. Le célèbre journaliste Pravit Rojanaphruk, poursuivi en août 2017 pour sédition, risque 14 ans de prison pour la publication de commentaires sur Facebook.


La Thaïlande se situe à la 142e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de RSF.

Publié le
Mise à jour le 23.08.2019