RSF se mobilise sur le cas urgent de Maâti Monjib, en grève de la faim depuis 16 jours

Alors que la santé du journaliste franco-marocain se dégrade dangereusement, Reporters sans frontières (RSF) a mené une opération de soutien devant l’ambassade du Maroc pour demander sa libération immédiate et la fin d’une injustice flagrante.


Seize pancartes noires ont été brandies ce vendredi 19 mars devant les grilles de l’ambassade du Maroc, à Paris, par les équipes de RSF dans le cadre d’une opération de soutien au journaliste et historien franco-marocain Maâti Monjib, en grève de la faim depuis 16 jours. Il est incarcéré depuis plus de deux mois et demi à Rabat. Les 16 pancartes dévoilées symbolisent chacun des jours où le journaliste a cessé de s’alimenter et un des symptômes qu’il développe depuis le 4 mars : spasmes gastriques, diminution du rythme cardiaque, céphalées, douleurs musculaires, vertiges, évanouissement, vomissement, délires….


Maati Monjib est un historien, oui. C’est un homme engagé, oui. Mais c’est aussi un journaliste, et non des moindres, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. L’indifférence des uns et le cynisme des autres ne doivent pas conduire à laisser mourir un innocent. Maati Monjib doit être immédiatement libéré et toutes les charges qui pèsent contre lui abandonnées.


Cette opération de soutien en présence de son épouse, Christiane Dardé, était destinée à lancer l’alerte sur l’état de santé très préoccupant du journaliste, qui souffre de problèmes cardiaques et de diabète, et a déjà perdu 8 kilos. “Il commence à être très fatigué" a notamment expliqué cette dernière qui " ne comprend pas le silence des autorités françaises" sur ce sujet et rappelle que "les valeurs de liberté et de tolérance si chères à la France” doivent se placer “au-dessus des intérêts géo-stratégiques”.


Maati Monjib a cessé de s’alimenter pour protester contre “son arrestation abusive” et la condamnation inique dont il a fait l’objet. Le journaliste a été condamné le 27 janvier dernier à un an de prison ferme pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État » et « fraude » sans que ni lui, ni sa défense n’aient été convoqués à l’audience, en violation flagrante du code de procédure pénale marocain et du principe du contradictoire. « Mes écrits critiques à l’égard du système politique et de la police et mes activités en faveur des droits humains » sont à l’origine de « ma persécution », précisait-il, début mars, dans un message diffusé par ses soutiens.


Figure du combat pour les droits de l’homme au Maroc, Maati Monjib, âgé de 59 ans, est aussi un journaliste et éditorialiste très suivi dans son pays et par la diaspora marocaine. Membre du comité de rédaction du magazine papier et en ligne Zamane, il signait jusqu’à son arrestation un éditorial bimensuel sur le journal Alquds Alarabi, publié à Londres. Maati Monjib est également le fondateur de l’Association marocaine pour le journalisme d’investigation (AMJI) et a, à ce titre, contribué à la formation de plus de 450 journalistes marocains.


Le journaliste avait déjà observé une grève de la faim pendant trois semaines en 2015 pour protester contre l’interdiction qui lui avait été faite de quitter le territoire marocain.


Le Maroc occupe le 133e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.

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Mise à jour le 19.03.2021