RSF salue l’attribution du prix Nobel de la paix à la journaliste Narges Mohammadi

Reporters sans frontières (RSF) salue avec une très grande émotion l’attribution du prix Nobel de la paix 2023 à la journaliste Narges Mohammadi, aux côtés de laquelle l’organisation se bat depuis de nombreuses années. Ce prix récompense “son combat contre l'oppression des femmes en Iran”, son courage et sa détermination. Persécutée par les autorités depuis la fin des années 1990 pour son travail et une nouvelle fois emprisonnée depuis novembre 2021, elle doit être immédiatement libérée. 

Parler pour sauver l’Iran”, c’est l’une des lettres publiées par Narges Mohammadi depuis la prison d’Evin, près de Téhéran, où elle purge une peine de 10 ans et 9 mois de réclusion, assortie de centaines de coups de fouets, depuis le 16 novembre 2021. Réalisatrice du documentaire White Torture, et du livre du même nom, elle ne cesse de dénoncer les violences sexuelles subies par les femmes détenues. 

C’est ce combat contre l’oppression des femmes que le comité du prix Nobel de la paix vient de saluer en le décernant à la journaliste et militante des droits humains de 51 ans, ancienne vice-présidente de l’organisation iranienne Defenders of Human Rights Center, créé par la juriste, prix Nobel, Shirin Ebadi. 

C’est ce combat qui lui vaut aussi une répression violente des autorités iraniennes, qui, en prison, ne cesse de persécuter Narges Mohammadi. Elle est depuis le 12 avril 2022 coupée du monde – ni visite, ni appels téléphoniques ne lui sont autorisés – et visée par les autorités de la prison d’Evin par de nouvelles inculpations pour la maintenir en détention. Le 4 août dernier, elle a vu sa peine alourdie d’un an de prison suite à la publication d’une autre de ses lettres qui révèle les agressions subies par ses consoeurs emprisonnées.  

La journaliste Narges Mohammadi a reçu le 12 décembre 2022 le Prix RSF du courage. Lors de la cérémonie à Paris, ses deux enfants ont lu une lettre de leur mère, adressée depuis sa prison – “Dans ce pays, au beau milieu de toutes les souffrances, de toutes les peurs et de tous les espoirs, alors qu'après des années d'emprisonnement, je suis de nouveau derrière les barreaux et que je ne peux même plus entendre la voix de mes enfants, c’est le cœur plein de passion, d'espoir et de vitalité, c’est pleine de confiance dans la réalisation de la liberté et de la justice dans mon pays que je passerai du temps en prison.” – Une lettre que la journaliste concluait par un appel à garder “l’espoir de vaincre”.

Immense émotion d’apprendre l’attribution du prix Nobel de la paix à la journaliste et défenseure des droits humains Narges Mohammadi. Avec l’équipe de Reporters sans frontières (RSF), nous nous battons depuis des années pour elle, auprès de son mari et de ses deux enfants, avec Shirin Ebadi. Le prix Nobel de la paix sera évidemment déterminant pour obtenir sa libération.”

Christophe Deloire
Secrétaire général de RSF

Face à aux condamnations et sanctions récurrentes à l’égard de Narges Mohammadi, RSF a saisi le 7 juin dernier, les instances chargées de la protection des droits de l'homme des Nations unies pour les alerter. Le 5 juillet, lors d’une mise à jour orale au Conseil des droits de l’homme, la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République islamique d’Iran a fait part de sa préoccupation face à la “détention continue de défenseurs des droits humains et d’avocats défendant les manifestants et d’au moins 17 journalistes”.  

C’est grâce au courage de la journaliste Narges Mohammadi que le monde sait ce qui se passe derrière les barreaux de la République islamique d’Iran, où sont désormais détenus 20 journalistes, dont trois autres femmes : Elaheh Mohammadi, Niloofar Hamedi et Vida Rabbani.

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