RSF demande un retour de l’état de droit pour les journalistes au Cachemire

Suite à l’agression d’au moins deux journalistes au Cachemire indien, Reporters sans frontières (RSF) demande que des enquêtes soient menées afin d’identifier les membres des forces de sécurité commettant des exactions contre les journalistes ou toute autre atteinte à la liberté de l’information.


Le 8 août 2016, le journaliste photographe Muneeb Ul Islam, travaillant pour les quotidiens Kashmir Reader et Daily Roshni a été passé à tabac par des membres de la Central Reserve Police Force (CRPF), une unité paramilitaire, alors qu’il couvrait les troubles dans le district d’Anantnag (ouest de l’Etat du Jammu-et-Cachemire). Le journaliste a affirmé qu’après l’avoir rossé, des soldats l’ont utilisé comme «bouclier humain» pour se protéger des jets de pierres dont ils faisaient l’objet, et qu’il avait été touché à deux reprises.


Au nord de l’état, le journaliste de l’agence locale Kashmir News Network Mir Javid a été blessé aux yeux par des tirs de plombs le 5 août, alors qu’il ne se trouvait pas dans une zone d’affrontements entre la population et les forces paramilitaires. Conduit dans l’hôpital proche de Kralgund pour y être soigné, le journaliste s’est par la suite retrouvé au milieu d’un assaut de la police contre l’hôpital. Touché par des jets de gaz lacrymogène tirés dans l’hôpital, le journaliste a trouvé refuge chez un ami où il s’est extrait lui-même les plombs qui criblaient son corps, avant de se rendre à l’hôpital de Srinagar pour y être soigné. Mir Javid a également déclaré à plusieurs médias qu’il avait été menacé afin de ne pas informer les journaux basés à Srinagar de la situation dans le district frontalier de Kupwara.


«Les nombreux témoignages, souvent accompagnés de photos, dont nous avons connaissance donnent un aperçu choquant des actions et du comportement belliqueux des forces de sécurité à l’égard de la population en général et des journalistes en particulier, perçus comme des témoins gênants, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie Pacifique de Reporters sans frontières. Nous demandons l’ouverture d’enquêtes par les autorités afin d’identifier les auteurs de violences ciblant des journalistes opérant au péril de leur vie pour informer leurs concitoyens. Le ministère de l’Intérieur, dont dépend la Central Reserve Police Force, et la ministre en chef Mehbooba Mufti ne sauraient fermer les yeux sur ces atteintes, au risque de faire passer le message que l’état de droit et la démocratie s’arrêtent aux portes du Jammu-et-Cachemire.»


Depuis le 8 juillet 2016, les communications sont régulièrement coupées au Cachemire indien après la mort d'un leader séparatiste, Burhan Wani, dans le sud de l'Etat. RSF a condamné le black-out médiatique et le harcèlement des journalistes locaux par les autorités locales et demandé au gouvernement indien de cesser d'invoquer la sécurité et l'ordre public pour justifier sa répression à l'encontre des médias.


L'Inde continue d'occuper le tiers inférieur (133e sur 180 pays) au Classement Mondial de la liberté de la presse 2016 publié par Reporters sans frontières, en raison du nombre élevé de journalistes tués en raison de leur activité et de l'impunité pour les crimes de violence contre les médias.




Publié le
Updated on 11.08.2016