RSF appelle Hong Kong à abandonner son projet de loi d'extradition, qui menace les journalistes

Reporters sans frontières (RSF) appelle le conseil législatif à abandonner un projet de loi qui légaliserait l’extradition vers la Chine de résidents ou de visiteurs, y compris les journalistes et leurs sources.

Le conseil législatif de Hong Kong (LegCo) pourrait adopter d’ici juillet un projet de loi qui autoriserait l’extradition de résidents ou de visiteurs accusés d’un crime en Chine. Cette nouvelle a suscité une vive inquiétude dans le milieu des médias hongkongais, sachant que plus de 65 journalistes sont emprisonnés en Chine dans des conditions qui laissent craindre pour leur vie. Bien que le projet de loi exclut en théorie les crimes politiques, économiques et les cas dans lesquels les droits humains risqueraient d’être bafoués, les journalistes craignent que les autorités de Hong Kong ne soient pas en mesure de s’opposer aux demandes de Pékin.


Reporters sans frontières (RSF) appelle les membres du conseil législatif à abandonner ce projet qui accroîtrait de façon considérable la pression sur les journalistes. « Le régime chinois a montré à de multiples reprises qu'il n'avait pas besoin de motifs réels pour punir ceux qui le critiquent, rappelle Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est de RSF. « Si cette loi entre en vigueur, il n’aura plus besoin d’enlever les personnes qu’il souhaite faire taire, car il pourra tout simplement se les faire remettre sous une fausse accusation. »


Pour rappel, l’éditeur suédois Gui Minhai, propriétaire de la librairie Causeway Bay Books à Hong Kong, kidnappé en Thaïlande en 2015, avait d’abord été accusé de « délit de fuite » suite à un accident de la route mortel en Chine, mais reste détenu sous l’accusation d’avoir « illégalement fourni des secrets d'État et des renseignements à l'étranger. » Un autre éditeur basé à Hong Kong, Yiu Man-tin, aussi connu sous le nom de Yao Wentian, qui préparait la sortie d’un ouvrage à charge sur le président chinois Xi Jinping, a pour sa part été condamné à dix ans de prison en 2014 pour « contrebande de produits interdits. »


Ce projet intervient alors que Hong Kong se prépare à commémorer le 22e anniversaire de sa rétrocession à la Chine, le 1er juillet 1997. Placée sous le régime « Un pays, deux systèmes », la Région administrative spéciale jouit en théorie d’un statut séparé jusqu’en 2047, bien que la Chine resserre chaque jour un peu plus son emprise sur les médias.


Dans le Classement RSF de la liberté de la presse, Hong Kong a chuté du 18e rang en 2002 au 73e cette année. La Chine, pour sa part, est classée 177e sur 180.

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Mise à jour le 22.05.2019