RDC : un journaliste agressé au cours d’un reportage sur les restrictions liées à la Covid-19

Reporters sans frontières (RSF) se joint à son organisation partenaire Journaliste en danger (JED) pour condamner l’agression d’un journaliste par des sympathisants du parti au pouvoir alors qu'il réalisait un reportage sur des mesures restrictives liées à la pandémie de coronavirus en République démocratique du Congo (RDC). RSF demande l’ouverture d’une enquête afin de sanctionner les coupables.

Le journaliste Dosta Lutula, présentateur d’une émission diffusée sur la chaîne de télévision privée Canal Kin Télévision émettant à Kinshasa, a terminé sa journée de travail du 23 juin avec le visage ensanglanté. Alors qu’il interviewait des citoyens à propos de la nouvelle mesure de lutte contre la pandémie de Covid-19 limitant le nombre de passagers dans les taxis et les bus de la capitale congolaise, le journaliste a été pris pour cible par des sympathisants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti au pouvoir, l’accusant d’”injurier le président”. Après avoir été blessé à la tête, il a été conduit par ses agresseurs à un sous-commissariat de police, où il a passé la nuit avant d’être libéré le lendemain.


Contacté par RSF, le journaliste s’est dit “choqué de la situation” et a déploré le fait qu’il est “difficile de couvrir les sujets touchant à la Covid-19 dans le pays, car personne ne peut contredire le président s’il soutient une mesure relative à la pandémie”. Il prévoit de porter plainte.


L’attaque dont a été victime ce journaliste est inacceptable et témoigne de la violence à laquelle sont régulièrement exposés les professionnels des médias congolais, particulièrement en période de pandémie, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Nous demandons aux autorités de mener une enquête sérieuse afin d’identifier et de sanctionner les auteurs de cette agression et appelons les responsables des partis politiques à sensibiliser leurs sympathisants afin qu'ils cessent d'agresser les journalistes.”


L’exercice du journalisme demeure périlleux en RDC. Depuis le début de l’année 2021, RSF a recensé au moins 24 violations de la liberté de la presse, qu’il s’agisse d’agressions ou d’arrestations de journalistes. Le jour de l’agression de Dosta Lutula, le journaliste indépendant Daniel Michombero a été menacé de mort par sept hommes cagoulés et vêtus de l’uniforme des forces armées de RDC (FARDC) qui se sont introduits dans son domicile à Goma, dans l’est du pays, ont brutalisé sa femme et ont emporté son matériel.


La RDC occupe actuellement la 149e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021. 

Publié le
Updated on 02.07.2021