La censure, fait du prince

Jeudi 15 janvier 1998, en marge du rallye "Paris-Dakar", la chaîne de télévision France 3 diffuse un reportage sur l'esclavage en Mauritanie, repris par Canal France International (CFI) qui émet notamment sur l'Afrique de l'Ouest. Deux jours plus tard, trois responsables de l'Association mauritanienne des droits de l'homme (AMDH) et de l'association mauritanienne SOS-Esclaves sont arrêtés à Nouakchott. Officiellement, ils sont accusés de "création et/ou appartenance à des organisations non autorisées". Un prétexte : même si elles n'ont toujours pas reçu leur agrément, les deux organisations sont actives depuis leur création sans que le pouvoir ait jamais ressenti le besoin de sévir. En fait, c'est pour avoir aidé le journaliste de la chaîne de télévision française, Mourad Aït-Habouche, que les trois militants ont été emprisonnés. Mais à Nouakchott, les autorités préfèrent se taire. Et, plutôt que de répondre aux accusations lancées dans le reportage, c'est un lampiste qui est sanctionné : mercredi 4 février 1998, à l'issue du Conseil des ministres, le directeur de la presse au ministère de la Communication, qui est chargé de l'accueil et surtout de la surveillance des journalistes étrangers se rendant dans le pays, est limogé. "L'affaire France 3" est à l'image de la politique du président Ould Taya. Depuis mai 1994, pas moins de trente-neuf journaux privés ont été saisis et deux titres ont été interdits. L'un des plus importants hebdomadaires du pays, Mauritanie Nouvelles, vient de subir une nouvelle suspension pour une durée de trois mois, contraignant son équipe à jeter l'éponge. Le journal sortait tout juste d'une période de suspension identique et avait déjà été interdit un mois en avril 1997. Au total, en moins d'un an, Mauritanie Nouvelles a ainsi été interdit de parution pendant sept mois. Depuis l'instauration du multipartisme et de la liberté de la presse en 1991, qui a permis l'émergence des premiers titres privés, à la nomination d'un nouveau ministre de l'Intérieur, en mai 1994, la presse indépendante mauritanienne a bénéficié d'une grande liberté. Au cours de cette période, on a recensé peu de cas de censure. En août 1991, le mensuel indépendant Mauritanie Demain a été saisi pour un article analysant les rapports entre les différentes ethnies du pays. Le 24 juin 1993, c'était au tour de Mauritanie Hebdo d'être saisi par le ministère de l'Intérieur en raison de l'interview d'un dirigeant de l'opposition dans laquelle celui-ci prônait l'instauration de la laïcité en Mauritanie, alors que le pays est une République islamique. C'est la nomination de Mohamed Lamine Salem Ould Dah à la tête du ministère de l'Intérieur qui donne le coup d'envoi de la grande offensive gouvernementale contre la presse indépendante. Entré en fonction le 16 mai 1994, le nouveau ministre ordonne, deux jours après son installation, la saisie du n°44 de l'édition arabe de l'hebdomadaire Le Calame, daté du 18 mai 1994, puis du n°47 de l'édition française du journal, daté du 23 mai 1994. Depuis, Le Calame, l'un des titres les plus renommés du pays, a été censuré à neuf reprises. Les notifications écrites adressées au directeur du journal, Habib Ould Mahfoudh, par le directeur des Affaires et des libertés publiques au ministère de l'Intérieur, des Postes et des Télécommunications, se réfèrent à l'article 11 de la loi sur la liberté de la presse. Depuis cette nomination, trente-neuf saisies de journaux ont été enregistrées dans le pays. A lui seul, L'Eveil-Hebdo, créé en août 1991, a été censuré à huit reprises, dont l'interdiction du 3 mars 1997, qui faisait suite à un article sur l'esclavage. Les mesures de censure ne sont jamais motivées Mais officiellement, aucun des journaux censurés ne s'est jamais vu notifier les raisons de ces sanctions. Selon l'article 11 de l'Ordonance-loi du 25 juillet 1991 relative à la liberté de la presse, "le ministère peut, par arrêté, interdire la circulation, la distribution ou la vente de journaux (...) qui portent atteinte aux principes de l'islam ou à la crédibilité de l'Etat, causent un préjudice à l'intérêt général ou troublent l'ordre et la sécurité publics (...)". Dans ce cas, le ministère de l'Intérieur n'est pas tenu de justifier sa décision. Il lui suffit de transmettre au journal et à l'imprimerie une notification d'interdiction de "la circulation, la distribution et la mise en vente" du titre et, dans un deuxième temps, un arrêté ministériel, sans que ne soient toutefois précisées les motivations de ces interdictions. En tout et pour tout, les responsables des journaux ne reçoivent qu'un rappel de l'article 11 de l'Ordonnance-loi de 1991. Dans les faits, aujourd'hui, les autorités ne respectent pas leurs propres textes de loi, notamment les articles 4 à 8 de l'Ordonance-loi de 1991. Le récépissé délivré par le ministère de l'Intérieur s'est en effet transformé en véritable autorisation préalable. Obligés de déposer cinq exemplaires de chaque édition à la Direction des libertés publiques avant parution, les directeurs de journaux se voient remettre en échange un récépissé de publication. Or, selon l'Ordonnance-loi de 1991, celui-ci ne devait au départ représenter qu'une formalité administrative : "la publication de tout journal (...) peut avoir lieu sans autorisation préalable ni dépôt d'une caution", stipule le texte. Son article 6 précise simplement que "avant la publication d'un journal (...), il sera procédé à la présentation d'une déclaration au parquet général de la République et au ministère de l'Intérieur". Aujourd'hui, il est pris argument de ce récépissé pour retarder la parution des journaux. Ceux-ci peuvent ainsi être retenus en otages durant plusieurs jours avant d'obtenir le feu vert des autorités, ou se voir ordonner leur saisie. Parfois, cette censure atteint des sommets. Ainsi, le 27 mars 1997, les journaux de Nouakchott sont interdits de parution pendant trois jours en raison du... déplacement à l'étranger du ministre de l'Intérieur. Les sujets tabous sont nombreux au pays du président Ould Taya. L'armée, l'islam, la prostitution, le trafic d'alcool ou l'esclavage font partie des "lignes rouges" qu'il ne faut pas franchir. Mais cela demeure très flou. Sur la question de l'esclavage, par exemple - et sur le sort des Haratimes, les anciens esclaves affranchis ainsi que leurs descendants -, le pouvoir souffle le chaud et le froid. Jusqu'en janvier 1997 et un fameux discours du Président sur les "séquelles" de l'esclavage dans un pays qui l'a officiellement aboli en 1980, plusieurs journaux sont saisis pour avoir abordé le sujet d'une manière un peu trop précise. Le 26 octobre 1996, Le Calame est interdit pour quatre mois à la suite d'un article sur une loi américaine demandant le gel de toute assistance à la Mauritanie tant que l'esclavage ne sera pas supprimé. Toujours en 1996, Mauritanie Nouvelles est saisi à la suite de la publication d'une décision de justice ordonnant à un ancien maître de rendre ses enfants à une de ses anciennes esclaves. A la suite de l'intervention du chef de l'Etat, la presse, sentant que la question de l'esclavage n'est plus un tabou, consacre de nombreux dossiers à ce sujet. Mieux, les autorités acceptent, pour la première fois, que des organisations non gouvernementales anglo-saxonnes se rendent dans le pays pour mener des enquêtes sur l'esclavage. Quelques semaines plus tard pourtant, la censure sur cette question reprend ses droits : le 3 mars 1997, L'Eveil-Hebdo est saisi. Le numéro contenait un article sur une ancienne esclave, dénommée Aïchena, qui tentait de récupérer ses enfants retenus par son ancien maître. Il apparaît ainsi que "dès que la presse évoque un cas concret d'esclavage, elle est immanquablement censurée", conclut un journaliste. Et d'ajouter : "On est donc contraint à beaucoup s'autocensurer sur cette question." Des propos confirmés par l'interpellation, le 21 février dernier, de trois journalistes de l'hebdomadaire Le Calame qui enquêtaient sur l'esclavage dans le pays à la suite de la condamnation des militants de l'Association mauritanienne des droits de l'homme et de l'association SOS-Esclaves. Après avoir été entendus une journée durant par la police politique, les journalistes ont été officiellement accusés de "porter atteinte à la sécurité de la Nation mauritanienne". La censure épargne peu de titres. Elle frappe des publications aux sensibilités très différentes, dirigées aussi bien par des hommes proches du pouvoir que, au contraire, très critiques à son égard : des titres comme Al Anba (dont le responsable se présente comme un militant de l'opposition) ou Nouakchott Infos (dont le "patron" se définit comme un sympathisant du chef de l'Etat) en ont été les victimes. Quant aux médias publics - TV, Radio Mauritanie, les quotidiens L'Horizon (francophone) et Ech-Chaab (arabophone), et l'Agence Mauritanienne d'Information -, ils demeurent la chasse gardée du pouvoir. En dehors des périodes électorales, l'opposition ne peut espérer y trouver sa place. Et même là, elle n'échappe pas à la censure : lors des élections législatives de 1996, le parti "Action pour le Changement" (AC) a été censuré à deux reprises. Une chanteuse comme Malouma, une des plus grande "voix" de la Mauritanie, proche de l'opposition, est interdite d'antenne depuis des années. Aucune de ses chansons ne peut être diffusée sur les médias audiovisuels nationaux. Et les quelques projets de radios privées en modulation de fréquence n'ont à ce jour pu être concrétisés. L'extrême division de la profession fait le jeu du pouvoir Le pouvoir dispose d'autres moyens pour contraindre la presse. Si depuis 1991, les trois seuls procès en diffamation - contre Mauritanie Nouvelles, Al Bayane et L'Eveil-Hebdo - ont débouché sur des condamnations symboliques, le ministère de l'Intérieur procède, au moment de la création d'un titre, à une enquête de moralité sur son directeur qui n'est nullement prévue par la loi. Plusieurs responsables de journaux privés se plaignent aussi d'avoir leur téléphone placé sur écoutes, tout comme les correspondants de la presse internationale, tous Mauritaniens. Les principaux titres de la presse privée - les hebdomadaires Mauritanie Nouvelles, Le Calame, L'Eveil Hebdo, La Tribune, Nouakchott Infos, Maghreb Hebdo, etc. - ne bénéficient jusqu'à présent d'aucune aide des pouvoirs publics. Les médias d'Etat peuvent en revanche compter sur un concours financier de l'ordre de cinquante millions de francs français par an. Autre atout pour le pouvoir : l'extrême division de la profession. Trois associations professionnelles - et peut-être bientôt une quatrième - se disputent les faveurs de la poignée de titres qui sont encore en vente aujourd'hui (alors que plus de 200 magazines ont obtenu un récépissé des autorités). Il s'agit de l'Association Nationale de la Presse Indépendante (ANPI, créée en 1992), l'Union de la Presse Professionnelle et de l'Information (UPPIM, créée en 1994) et de l'Association de la Presse Indépendante (API, créée en 1996). La presse privée est ainsi déchirée par des conflits internes où se mêlent rancœurs personnelles, conflits tribaux, concurrence commerciale alors même que le marché est extrêmement limité. Mais les autorités ne se contentent pas de mettre des bâtons dans les roues de la presse indépendante. Elles tentent aussi de la disqualifier, en la taxant de "tribaliste", s'en moquent en parlant d'"irrégulomadaire", pointent du doigt ses manquements à l'éthique et à la déontologie professionnelles. Si ces reproches ne sont pas toujours sans fondements - ce que reconnaissent d'ailleurs la plupart des journalistes en place -, il suffit de comparer les journaux mauritaniens à leurs voisins du nord et du sud pour relativiser ces critiques en forme de réquisitoire. Il est en effet injuste de reprocher à la presse privée tout et son contraire. On ne peut à la fois l'accuser d'être mal informée et refuser de la recevoir. Le chef de l'Etat, par exemple, n'a jamais donné d'interview à un seul journal mauritanien, pas plus public que privé. Lors de l'élection présidentielle de novembre 1997, le seul entretien que le chef de l'Etat ait accordé à la presse a été pour Le Figaro. Et si les titres indépendants sont souvent liés à l'opposition, il n'est pas faux de dire, comme l'explique un responsable de l'un de ces hebdomadaires : "Si nous sommes devenus, comme l'affirme le pouvoir, la presse de l'opposition, c'est peut-être parce que les médias officiels ne s'ouvrent presque jamais à ces formations politiques." Aujourd'hui, malgré ses divisions, la presse privée est unanime sur le diagnostic et les remèdes à apporter : l'Ordonnance-loi de 1991 est "liberticide" et doit être modifiée. Selon le directeur de la presse au ministère de la Communication, un nouveau projet de loi serait d'ailleurs à l'étude. Parmi les pistes évoquées, et bien qu'aucune disposition ne soit pour l'heure révélée, figurent le retrait de l'autorisation de publication après six mois de non-parution, l'interdiction de publicité durant les six premiers mois, voire la première année de parution, la délivrance de la carte de presse aux seuls journalistes ayant une formation dans le domaine ou pouvant attester d'une période déterminée de pratique professionnelle. Mais en attendant, les autorités doivent respecter les dispositions qu'elles ont elles-mêmes adoptées, concernant notamment le récépissé de dépôt de publication. Du côté des journalistes, il faut tenter d'apporter des remèdes au manque de professionnalisme de la corporation et sortir la presse d'une situation "structurellement déficitaire". Ces deux derniers facteurs sont d'ailleurs à l'origine de bien des dérapages. Ainsi, le directeur d'un journal se vante de diffamer les gens afin de leur soutirer de l'argent ou de les contraindre à acheter tous les exemplaires de son journal pour éviter de voir leur nom traîné dans la boue sur la place publique. Etrangement, ces mêmes journaux ne sont que rarement censurés par les autorités. Par ailleurs, de l'aveu même des directeurs de certains journaux, la quasi-totalité des titres vivrait non pas des fruits de leur vente mais des affaires de leurs propriétaires - entreprises de nettoyage, négoces, etc. - et/ou de leur fortune personnelle. Les bailleurs de fonds sont agacés Comment changer la donne ? Les autorités se seraient engagées à modifier l'Ordonnance-loi de 1991 et à prendre le relais de l'ambassade d'Allemagne qui, depuis 1992, prend en charge les coûts d'impression de la presse privée à hauteur de 60 %. Au total, ce sont 3,2 millions de DM qui ont été débloqués par l'Allemagne, sous forme de dons, pour soutenir la presse mauritanienne de 1992 à 1997. Toutefois, si l'expérience s'est avérée concluante et bien que, pour certains esprits chagrins, le contribuable allemand a ainsi financé la censure mauritanienne, de l'avis de nombreux observateurs sur place, il serait souhaitable de sortir du cadre bilatéral pour tendre vers une aide multilatérale en impliquant d'autres partenaires de la Mauritanie. A condition, ajoutent-ils, que les autorités mauritaniennes garantissent le respect de la liberté de la presse dans le pays. Aujourd'hui, en effet, les bailleurs de fonds de la Mauritanie ne cachent plus leur agacement vis-à-vis de l'attitude du gouvernement. D'autant que dans certains cas, des informations censurées dans tels titres paraissent sans entraves dans d'autres. De même, les diplomates en poste à Nouakchott n'hésitent pas à critiquer ouvertement la réaction des autorités au reportage diffusé par France 3 : cinq militants de l'AMDH et de l'association SOS-Esclaves ont été condamnés, le 12 février 1998, à treize mois de prison ferme et 30 000 ouguiyas (1 000 francs) d'amende à la suite de la diffusion du sujet par la chaîne française et alors même qu'un seul d'entre eux apparaissait à l'écran. Reste que ces mêmes bailleurs de fonds ne semblent pas tous prêts à tenter d'influer sur l'attitude des autorités mauritaniennes. D'autant que la Mauritanie est un bon élève du FMI et rembourse ses dettes rubis sur l'ongle. La France en particulier fait, le plus souvent, cavalier seul, quitte à apparaître comme le plus fidèle soutien du président Ould Taya, et joue les Ponce Pilate lorsqu'il s'agit de liberté de la presse ou de droits de l'homme. Ainsi, lors de la conférence de presse clôturant la visite du président de la République française en Mauritanie, le 5 septembre 1997, quatorze journalistes de la presse indépendante, pourtant accrédités, ont été expulsés "manu militari" de la salle. Ce qui n'a pas empêché le chef d'Etat français de porter "un jugement très positif sur le processus démocratique engagé en Mauritanie" et de qualifier le président Ould Taya de "sage". La France s'apprête d'ailleurs à financer un projet d'aide en faveur de la presse publique et privée mauritanienne qui va de la formation des journalistes au soutien matériel à l'agence nationale de presse. D'un montant de quatre millions de francs, ce projet, qui entre dans le cadre d'un contrat "Parmet", devrait permettre également la venue d'un coopérant chargé d'apporter une aide aux différentes rédactions. La réunion à Paris du Groupe consultatif sur la Mauritanie, les 25 et 26 mars prochains, devrait donner l'occasion aux différents bailleurs de fonds d'insister sur la question de la "bonne gouvernance". Une déclaration, abordant notamment la question de la liberté de la presse, devrait être rendue publique. A plus d'un titre en effet, les autorités mauritaniennes, pour une question d'image, et les bailleurs de fonds, pour une meilleure transparence et une meilleure efficacité de leur aide, ont intérêt à voir la liberté de la presse davantage prise en compte dans le pays. Un signe encourageant ? Malgré les multiples censures de ces derniers mois, la Mauritanie a signé, le 2 février dernier, avec ses partenaires de la Banque mondiale et du PNUD, un protocole d'accord pour l'installation d'Internet dans le pays. Recommandations de Reporters sans frontières Aux autorités mauritaniennes : o Reporters sans frontières (RSF) rappelle que toute sanction frappant un journal ne peut être le fait d'une décision judiciaire motivée, et en aucune manière d'une mesure administrative. o RSF demande la suppression de l'article 11 de l'Ordonnace-loi de 1991 sur la liberté de la presse et, plus généralement, la révision de ce texte en concertation avec les professionnels des médias. o RSF demande l'accès de toutes les composantes de la société aux médias audiovisuels et électroniques. Aux bailleurs de fonds : o RSF préconise un soutien accru à la presse privée en matière de formation et la poursuite de la prise en charge d'une partie des frais d'impression (réservée cependant aux seuls titres paraissant régulièrement). o RSF recommande que le respect de la liberté de la presse soit pris en compte dans les négociations avec les autorités mauritaniennes comme l'une des conditions de la "bonne gouvernance". A la presse privée et publique : o RSF recommande la mise en place d'un organisme composé de professionnels des médias, chargé de se prononcer sur le respect de l'éthique et de la déontologie professionnelles.
Publié le
Updated on 20.01.2016