Prime à l’impunité après la libération d’un suspect dans l’assassinat du journaliste José Agustín Silvestre

Reporters sans frontières exprime sa consternation après la remise en liberté sous caution de Fermín Marcelino Calderón (photo), une des personnes inculpées dans le meurtre de José Agustín Silvestre alias “Gajo”, enlevé et assassiné le 2 août 2011. La décision de libérer le suspect sous caution a été prise par la juge de San Pedro de Macorís (Est), Haydeliza Henriquez, le 29 novembre 2013. Le ministère public a déclaré vouloir faire appel. “Au vu de la gravité des charges pesant contre Fermín Marcelino Calderón dans le dossier Silvestre, sa libération sous caution apparaît comme une curieuse mesure de clémence. Quelles garanties sont données pour que l’accusé assiste comme prévu à son procès ? Quelles motivations ont poussé la juge Henriquez à prendre une telle mesure ? C’est la deuxième fois qu’un individu suspecté de l’assassinat d’un journaliste bénéficie d’un élargissement en cours d’instruction. Cette décision jette la suspicion sur un système judiciaire où la liberté se monnaye même dans les affaires les plus graves”, déclare Reporters sans frontières. En plus de son implication dans l’assassinat de José Agustín Silvestre, Fermín Marcelino Calderón est accusé de blanchiment d’argent pour le compte de Matias Avelino Castro, lui-même désigné comme le commanditaire du crime. “Cette épisode survient alors qu’à l’inverse, les poursuites judiciaires pour diffamation’, souvent assorties de lourdes demandes de réparation, continuent de cibler les journalistes dominicains à un rythme soutenu. Reporters sans frontières estime que la réforme en cours du Code pénal reste extrêmement limitée, atténuant tout juste les peines pour délit de presse sans dépénaliser ces derniers”, ajoute l’organisation. Plusieurs cas illustrent une situation toujours préoccupante. Ainsi, le sénateur Félix Bautista poursuit en justice le journaliste Juan Taveras Hernández, de la radio Z-101, le propriétaire de la station Bienvenido Rodriguéz ainsi que son directeur, Willy Rodriguéz, pour “diffamation”. Le sénateur réclame une compensation d’environ 1,16 million de dollars. Le jugement est prévu pour le 15 janvier 2014. De même, le rédacteur en chef du site d’information Ciudadoriental.org, Robert Vargas, et le journaliste du même média, Julio Benzant, sont aussi poursuivis pour “diffamation” par le député Alfredo Martínez. Les journalistes Luis Eduardo Lora (Huchi), de Teleantillas, et Juan Bolívar Díaz, de Telesistema, sont quant a eux accusés de “trahison envers la patrie” par le mouvement nationaliste Réseau national pour la défense de la souveraineté, après avoir critiqué la décision du Tribunal constitutionnel de retirer la nationalité aux Dominicains d’ascendance haïtienne. Ces journalistes font l’objet d’une réelle campagne de haine.
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Updated on 20.01.2016