Nouvelle atteinte à la liberté de la presse pour les journalistes couvrant le Rif

RSF dénonce l'expulsion des journalistes espagnols José Luis Navazo et Fernando Sanz, renvoyés manu militari via le poste frontalier de Sebta, le 25 Juillet alors qu’ils couvraient depuis plusieurs semaines les évènements dans le Rif.

Expulsé le 25 juillet par les autorités marocaines, le journaliste José Luis Navazo vivait depuis plus de 17 ans au Maroc, avec sa femme d’origine marocaine et ses deux enfants. Ces dernières années, Il avait dirigé le média en ligne “Correo Diplomático”. Fernando Sanz, freelance, terminait quant à lui un reportage sur les manifestations d’Al-Hoceïma, épicentre de la Révolte du Rif. Mercredi dernier, les deux journalistes espagnols ont été arrêtés par la police qui a saisi leur matériel puis les a expulsé trois heures plus tard sans explication.

«Je suis abasourdie par cette nouvelle. Le Maroc est mon pays de cœur et j’y laisse ma femme et mes enfants. Pourtant, je fais mon travail de manière professionnelle et honnête en recoupant les informations de sources différentes», déclare Navazo à RSF.


Rosa Meneses, secrétaire générale de Reporters sans frontières Espagne a appelé « les autorités marocaines à permettre à José Luis Navazo de rejoindre sa famille à Tétouan. Nous demandons également au gouvernement espagnol d'intercéder en faveur du journaliste.”


Dans une déclaration à l’hebdomadaire Tel Quel, le ministre de la Culture et de la Communication, marocain Mohamed Lâaraj a affirmé que les deux journalistes “se sont présentés comme touristes et non comme journalistes, et ont voulu tourner des images alors qu’ils ne disposaient pas d’autorisations de tournage“.


« Rien ne peut justifier d’expulser des journalistes en si peu de temps sans leur donner le temps de s’expliquer ou d’effectuer les démarches nécessaires, déclare Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF. Ce nouveau geste d’hostilité de la part des autorités s’inscrit dans une démarche plus globale visant à restreindre le travail des journalistes nationaux et étrangers couvrant le Rif, cette zone qui risque chaque jour un peu plus de devenir une zone de non-droit à l’information indépendante. »


L’expulsion des deux journalistes est intervenue le jour de la condamnation d’un journaliste marocain, Hamid El Mahdaoui, à trois mois de prison ferme pour avoir “invité” des personnes à participer à une manifestation interdite à Al-Hoceïma, épicentre du mouvement de contestation qui secoue le nord du Maroc. RSF dans un communiquépublié le 26 juillet avait considéré cette condamnation injuste et expéditive. Sept journalistes-citoyens et collaborateurs de médias ont également été arrêtés dans la région d’Al-Hoceïma ces dernières semaines.


Le Maroc est 133ème au Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 28.07.2017