Mozambique : un journaliste arrêté pour sa couverture de l'insurrection islamiste

Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate et sans condition d’un reporter détenu depuis plusieurs jours dans une prison militaire alors qu’il collectait des témoignages de victimes des insurgés islamistes qui sévissent dans le nord du pays depuis plus d’un an.

Amade Abubacar, journaliste pour la radio communautaire de Nacedje de Macomia et correspondant pour le site Zitamar News a été arrêté dimanche 5 janvier par la police à Macomia, dans le nord-est du pays, alors qu’il recueillait les témoignages des familles fuyant les violences liées à l’insurrection islamiste qui secouent cette région de Cabo Delgado depuis octobre 2017.


Le journaliste a été transféré sur la base militaire de Mueda, située à 200 km du lieu de son arrestation, où il est toujours détenu selon un communiqué du l’Institut des médias en Afrique australe (MISA) du Mozambique. Les autorités n’ont donné aucune information sur les raisons de sa détention.


“En témoignant de l’insurrection en cours dans le nord du pays, ce journaliste n’a fait que son travail dans une région où les informations se raréfient à cause de l’insécurité qui y règne, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous demandons sa libération immédiate et sans condition. A neuf mois de l’élection présidentielle, il est important que les journalistes puissent accéder à cette zone de conflit et couvrir tous les sujets d’intérêt public sans entrave de la part des autorités”.


Joint par RSF, Tom Bowker, rédacteur de Zitamar News décrit Amade Abubacar comme un journaliste très “dévoué” pour couvrir l'actualité de sa région, sans lien avec les terroristes qui y perpétuent des attaques. Sam Ratner, lui aussi contributeur de ce site, a appelé les autorités à libérer un collègue “talentueux” et “respecté”.


Le 17 décembre dernier, le journaliste d’investigation Estacio Valoi, travaillant pour le quotidien Zambeze, avait été arrêté pendant deux jours avec un chercheur d’Amnesty International et leur conducteur à Palma, également située dans la région de Cabo Delgado. Il effectuait alors un reportage sur les conditions de vie des habitants, cibles depuis le mois d’octobre 2017 d’attaques armées menées par un groupe dont les revendications restent inconnues. Selon le bilan officiel des autorités, ces violences ont fait une centaine de morts parmi les insurgés, la population civile et les membres des forces de sécurité.


Le Mozambique, 99e, a perdu six places au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2018.

Publié le
Updated on 10.01.2019