Monténégro : la nouvelle condamnation du reporter Jovo Martinović détourne le pays de son chemin vers l’UE

Le journaliste d’investigation Jovo Martinović a été de nouveau condamné à un an de prison. Reporters sans frontières (RSF) demande à la justice monténégrine de cesser ses poursuites et de prendre enfin en compte les preuves de l’innocence du reporter.

Le calvaire kafkaesque de Jovo Martinović continue. Ce jeudi 8 octobre, le journaliste a été condamné par la haute cour du Monténégro à un an de prison pour avoir servi d’intermédiaire entre les trafiquants de drogue. Le journaliste a toujours affirmé que ces liens avec des réseaux criminels étaient uniquement professionnels et n’avaient été entretenus que dans le cadre de son métier de journaliste.  


Jovo Martinović a de nouveau été jugé coupable malgré l’absence de preuves, constatée par la cour d’appel qui avait d’ailleurs en 2019, annulé sa première condamnation de 18 mois de prison. Le journaliste, correspondant de plusieurs médias étrangers, récompensé par le Prix Peter Mackler n’ira cependant pas en prison, celui-ci ayant déjà passé près de quinze mois en détention, après son arrestation en 2015.


Soupçonnée de subir des pressions politiques, la haute cour a terminé les audiences du deuxième procès précipitamment en septembre 2020 sans donner au reporter l’occasion de présenter de nouvelles preuves de son innocence. Pour se disculper de toutes les accusations, Jovo Martinović a annoncé son intention de faire appel. 


Au sein de l’Union européenne, que le Monténégro souhaite rejoindre, la persécution d’un journaliste pour son travail n’a tout simplement pas sa place, déclare le responsable du bureau UE/Balkans à RSF, Pavol Szalai. Cette nouvelle condamnation de Jovo Martinović marque une journée noire pour la liberté de la presse en Europe. Nous continuerons à le soutenir, jusqu’à ce que la justice monténégrine prenne en compte les preuves de son innocence et le disculpe enfin de ces accusations infondées”. 


Par ailleurs, dans une déclaration publiée le 8 octobre, dix organisations de la liberté de la presse, dont RSF, mettent en garde que la persécution incessante de Jovo Martinović "contribue à un effet dissuasif" sur les médias monténégrins.


Le Monténégro occupe la 105e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.

Publié le
Updated on 09.10.2020