Mongolie : RSF demande la libération de la rédactrice en chef du site d’information Zarig.mn

Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités mongoles à libérer la journaliste Unurtsetseg Naran. Placée en détention provisoire depuis le début du mois de décembre, elle est inculpée pour diffusion de fausses informations pour une publication critique sur le système judiciaire sur les réseaux sociaux. Son média, Zarig.mn, a également été bloqué pendant deux jours.

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Mise à jour du 16/02/2024: Unurtsetseg Naran a été libérée sous caution le 9 février 2024, après 68 jours de détention provisoire.

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Unurtsetseg Naran, journaliste et rédactrice en chef du site d'information Zarig.mn, a été arrêtée le 4 décembre et placée en détention provisoire pendant un mois dans la capitale mongole, Ulaanbaatar, car elle ne s’est pas présentée devant les forces de l’ordre pour témoigner dans le cadre d'une procédure engagée à son encontre en raison de ses commentaires critiques du système judiciaire.

Quelques semaines plus tôt, le 13 octobre, le Conseil général de la justice, qui a pour mission de garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire mongol, avait demandé l'ouverture d'une enquête contre la journaliste, après qu'elle eut posté sur les réseaux sociaux des propos qui critiquaient les activités des tribunaux et d’un procureur. Le Conseil l'a inculpée pour “diffusion de fausses informations en vertu du Code pénal. Ce 19 décembre, le tribunal pénal du district de Songino Khairkhan-Sukhbaatar a confirmé la décision de placer la journaliste Unurtsetseg Naran en détention provisoire pour un mois, le temps de l’enquête.

“Cette affaire nous étonne, car la Mongolie a déployé au cours des trente dernières années de clairs efforts pour marquer son engagement en faveur de la liberté d’informer et du pluralisme des médias. Or, sous prétexte de lutter contre la désinformation, priver de liberté une journaliste qui a simplement critiqué le système judiciaire sur ses réseaux sociaux est clairement abusif. Nous demandons aux autorités d’abandonner les poursuites à l'encontre de Unurtsetseg Naran et appelons à sa libération immédiate.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF

Deux jours avant cette arrestation, la Commission de régulation des communications de Mongolie a bloqué l'accès au site d’information Zarig.mn sur autorisation du procureur et sur décision de la police. Le média en ligne a alors été ajouté à sa liste d’adresses illégales. Son accès a été rétabli au bout de deux jours, grâce à des manifestations des journalistes et défenseurs de la liberté de la presse.



Par le passé, la journaliste Unurtsetseg Naran a dénoncé la corruption et le blanchiment d'argent de hauts fonctionnaires mongols. Elle a notamment révélé des fraudes à la Banque de développement en 2022 et le détournement de prêts étudiants en mai 2023. Au cours des quatre dernières années, la rédactrice en chef a fait l'objet de pas moins de 16 accusations de diffamation de la part d'hommes politiques cités dans ses reportages. Bien qu'elle ait remporté la plupart des affaires, Unurtsetseg Naran encourt toujours une amende d'environ 750 euros, l'équivalent deux mois de salaire pour la plupart des journalistes mongols.



La Mongolie a gagné deux places dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF et se classe actuellement 88e sur 180 pays. Démocratie libérale depuis le début des années 1990, la Mongolie a montré un intérêt constant pour la défense du droit à l'information, ainsi que pour le pluralisme et l'indépendance des médias. En mars 2023, RSF a d’ailleurs salué le veto présidentiel – approuvé par le Grand Khural d'État (le Parlement mongol) – contre un projet de loi sur les réseaux sociaux qui constituait une menace potentielle pour le journalisme et le droit à l'information.

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