Mexique : la fille d’une journaliste assassinée visée par une attaque armée

María Fernanda De Luna Ferral, la fille d’une journaliste assassinée en mars dernier, a été la cible d’une attaque armée dans le nord de l'État de Veracruz. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités mexicaines un renforcement immédiat des mesures de protection dont elle bénéficie.

Ce dimanche 24 mai, peu avant 11 heures, dans la petite municipalité de Gutiérrez Zamora, (nord de l'État de Veracruz), un convoi armé a ouvert le feu sur le véhicule de María Fernanda De Luna Ferral, la fille de la journaliste María Elena Ferral Hernández, fondatrice du site d’informations Quinto Poder de Veracruz, assassinée le 30 mars 2020. María Fernanda de Luna Ferral, qui se rendait à Xalapa, capitale de l’Etat, bénéficiait d’une escorte mise à sa disposition par l’Etat de Veracruz à la suite de l’assassinat de sa mère. Les agents de sécurité ont pu riposter et lui permettre d’échapper de peu à ses assaillants.


Quelques heures plus tard, elle publiait une lettre ouverte adressée au président de la République Lopez Obrador et au gouverneur de Veracruz Cuitláhuac García Jiménez pour dénoncer l’attaque, déclarant notamment : “Grâce à Dieu et à un ange qui veille sur moi, mon escorte et moi avons pu échapper à cet attentat.” Elle y réitère sa demande de justice pour les assassins de sa mère, “car j’ai très peur pour ma vie et pour celle de mes proches”.


 “RSF salue la bravoure de l’escorte de María Fernanda De Luna Ferral et demande au Mécanisme fédéral de protection d’effectuer une évaluation des risques assortie d’un renforcement des mesures de sécurité pour elle et pour ses proches, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de l'organisation. Les autorités judiciaires de Veracruz doivent par ailleurs identifier au plus vite les commanditaires et les auteurs de l’assassinat de María Elena Ferral Hernández.”


María Fernanda de Luna Ferral est étudiante en droit. Depuis le début du mois d’avril 2020, elle a décidé de reprendre la direction du site d’informations Quinto Poder de Veracruz, et a été placée dans une résidence surveillée à Xalapa.


Le 30 mars dernier, la journaliste María Elena Ferral Hernández était abattue en pleine rue à Papantla, petite ville du nord du Veracruz. Correspondante pour les journaux locaux Diario de Xalapa et El Heraldo de Poza Rica, et fondatrice du site Quinto Poder de Veracruz, elle enquêtait notamment sur les enlèvements et les disparitions forcées dans la région, souvent imputées à la police locale. La justice de Veracruz a depuis procédé à plusieurs arrestations et a reconnu le lien direct entre son assassinat et ses publications.

 

RSF rappelle que le 11 mars 2020, la journaliste Mireya Ulloa, directrice éditoriale du journal La Opinión en Poza Rica, échappait de peu à une tentative d’assassinat, dans l’Etat de Veracruz également. Les journalistes Maria Esther Cansimbe et Adela Octubre sont par ailleurs toujours portées disparues, respectivement depuis 2009 et 2012.

 

En 2019, dix journalistes ont été tués en lien avec leur activité professionnelle au Mexique, l’un des pays les plus dangereux du monde pour la profession. 

 

Le Mexique est situé au 144e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 publié par RSF.

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Mise à jour le 26.05.2020